Radio-Panique by Kaminsky Stuart M

Auteur:Kaminsky, Stuart M.
La langue: fra
Format: epub
Tags: Série Noire
Éditeur: Série Noire
Publié: 1983-08-15T00:00:00+00:00

CHAPITRE X

Le Centre était fermé le mercredi, jour férié juif. Lequel ? Jean ne s’en souvenait pas. Elle se leva néanmoins de bonne heure, prépara son déjeuner et celui d’Angie.

— Quelque chose te préoccupe, Angelina, dit Jean quand la fillette acheva de boire son jus de fruit en silence et s’essuya les lèvres. C’est trop silencieux ce matin.

— Est-ce que je peux rester à la maison aujourd’hui ? On ne fait pas grand-chose à l’école et je pourrais t’aider à faire les paquets.

Jean réfléchit sérieusement à la question et secoua la tête.

— Non, avec le déménagement, le changement d’école et mon nouveau travail, tu vas trop souvent manquer l’école dans les mois à venir. D’ailleurs ce n’est pas ça qui te préoccupe.

— Comment le sais-tu ? fit Angie.

— Je suis psychologue. J’ai étudié pendant des années. J’observe tout le temps les gens. Je suis censée les faire parler, les aider. Tu te souviens ?

— Je crois que papa va se remarier, dit Angie après avoir pris son souffle.

Ce n’aurait pas dû être une surprise. Il y avait plus de deux ans qu’ils étaient séparés et Jean s’y attendait un peu. D’un autre côté, elle conservait l’idée qu’ils pourraient peut-être se remettre ensemble tout en sachant que ça ne marcherait pas.

— Je la connais ? demanda Jean d’un ton détaché.

— Non. Elle s’appelle Phyllis Yomo ou Yogurt, quelque chose comme ça. J’ai entendu papa lui parler dimanche, dit doucement Angie. Tu veux en savoir plus ?

— Pas aujourd’hui, répondit Jean.

Angie poursuivit néanmoins.

— Elle s’énerve à l’idée de me rencontrer, a dit papa. Du coup, j’ai pensé que c’était sérieux, tu vois ?

— Et toi, qu’est-ce que tu en penses ? demanda Jean.

Angie haussa les épaules.

— Ça ne me plaît pas. Je ne trouve pas ça juste. Tu vois ce que je veux dire ?

— Tâche d’être gentille avec elle quand tu la verras, recommanda doucement Jean.

— Tu veux dire, pas comme je suis avec Roger. Qu’est-ce que tu en penses, toi ?

— Je suis jalouse, reconnut Jean. Pas de Phyllis Yogurt et de ton père, mais à cause de toi et moi. S’ils se marient, tu passeras beaucoup de temps avec eux et tu t’attacheras probablement à elle. C’est ce que je devrais souhaiter, mais je ne peux pas m’empêcher d’être jalouse. C’est une réponse franche, non ?

Angie hocha la tête et découvrit son appareil dentaire dans un sourire douloureux.

— Est-ce que tu as l’intention d’épouser Roger ? demanda-t-elle formulant son autre souci.

— Pas question. Ce qui ne signifie pas que je ne le verrai pas souvent ou que je ne me remarierai jamais. Le mariage n’est pas une chose inhabituelle. Tu l’envisageras peut-être même un jour. Maintenant, mets-toi en route, que je ne sois pas obligée d’écrire un mot d’excuse à ton professeur.

Roger l’appela à dix heures précises pour lui donner des détails sur le contrat qu’il préparait avec Alexian et proposa de venir l’aider à faire ses bagages. Elle refusa poliment, disant qu’elle le verrait plus tard à la station de radio, qu’elle avait des courses à faire. Il faudrait qu’elle prenne bientôt une décision à propos de Roger. C’était injuste de sauter dans son lit un soir et de lui battre froid le lendemain matin.

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