Pouvoir et terreur : l'après 11 septembre by Noam Chomsky

Pouvoir et terreur : l'après 11 septembre by Noam Chomsky

Auteur:Noam Chomsky [Chomsky, Noam]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Politique
Publié: 2011-10-27T10:48:48+00:00


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Ce qui suit est un extrait des questions-réponses qui ont suivi la conférence de Noam Chomsky.

QUESTION : Je pense – et j’espère que vous serez de mon avis – que ce qui était radicalement différent entre ce que les nazis ont fait et ce que nous avons fait au Viêt-nam, c’est l’intention. Les nazis avaient décidé d’exterminer les Juifs d’Europe ; notre intention au Viêt-nam n’était pas le génocide.

NOAM CHOMSKY : Je n’appellerais jamais ce qui s’est passé au Viêt-nam un « génocide ». Je suis d’accord avec vous, ce n’est pas le terme approprié. C’était complètement différent et je ne connais personne qui ait suggéré le contraire. C’est différent pour toutes sortes de raisons. Les nazis sont réellement uniques de ce point de vue. L’histoire de l’humanité a connu des atrocités sans nom mais l’extermination de masse industrialisée, telle que l’ont inaugurée les nazis, se situe à part, hors du champ. Il n’existe rien de comparable. La manière dont ils ont traité les juifs, les Tziganes et quelques autres groupes, est unique.

Mais il se commet des quantités d’atrocités dans le monde, et certaines d’entre elles sont de notre fait – sans compter… celles qui ne sont pas prises en compte. Laissez-moi vous donner un exemple de ce qui n’est pas compté. Vous vous rappelez, je pense, Le Livre Noir du Communisme, qui a été un best-seller l’an dernier et qui a reçu toutes sortes de commentaires élogieux dans le New York Times et partout ailleurs. C’était la traduction d’un livre français qui estimait le nombre total des victimes du communisme à cent millions. Sans vouloir pinailler sur les chiffres, disons qu’il est exact. La plus grosse part de ce calcul concernait une famine en Chine, de 1958 à i960, qui avait tué environ vingt-cinq millions de gens. Pourquoi cette famine a-t-elle été considérée (à raison) comme un crime politique et idéologique ? Ce phénomène a été étudié en détail par l’économiste Amartya Sen, qui a reçu le Prix Nobel pour ce travail. Il a traité la catastrophe comme un crime idéologique – et il a bien fait – en précisant qu’il n’existait pas d’intention de tuer tous ces gens mais que les institutions idéologiques étaient telles que le pire est arrivé. La Chine était un État totalitaire dans lequel aucune information sur la réalité n’arrivait jamais au sommet Aucune action n’a donc pu être entreprise parce que c’est ainsi que les choses se passent dans les États totalitaires. Ce gigantesque massacre n’a pas été « voulu ». Mais en peut dire avec raison qu’il constitue l’une des pires horreurs du XXe siècle et le crime le plus effroyable du communisme.

Je n’ai répondu qu’en partie à votre question sur les intentions parce que ce n’est que la moitié de l’histoire.

En étudiant les famines et les conditions qui les précipitent, Amartya Sen a comparé la Chine à l'Inde. Naturellement, à l’époque où l’Inde était sous mandat britannique, elle a souvent connu de terribles famines faisant des dizaines de millions de morts, mais personne n’a porté cela au compte de l’impérialisme britannique.



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