PolicierChandler,RaymondUn tueur sous la pluie - Chandler,Raymond by Chandler Raymond

PolicierChandler,RaymondUn tueur sous la pluie - Chandler,Raymond by Chandler Raymond

Auteur:Chandler,Raymond [Chandler,Raymond]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Publié: 2011-07-21T22:00:00+00:00


VI

Nous sortîmes de l’appartement et suivîmes le couloir. Il venait encore de la lumière par la porte ouverte de l’appartement d’Helen Matson. Deux hommes avec un panier se tenaient à l’extérieur en train de fumer. Les échos d’une vive discussion nous parvenaient du dedans.

Après avoir franchi un angle du couloir, nous descendîmes l’escalier, étage par étage, jusqu’au rez-de-chaussée. Une demi-douzaine de personnes s’y trouvaient réunies, roulant des yeux ronds, trois femmes en robe de chambre, un chauve avec une visière verte comme un secrétaire de rédaction de journal, plus deux autres qui se tenaient à l’écart dans l’ombre. Un autre flic en uniforme allait et venait devant la porte d’entrée, sifflotant entre ses dents. Nous passâmes devant lui. Il semblait totalement indifférent à la situation. Un groupe de curieux s’était formé sur le trottoir.

— C’est une grande soirée pour notre petit patelin, fit observer De Spain.

Nous montâmes jusqu’à une conduite intérieure noire qui ne portait aucun signe distinctif. De Spain prit le volant et m’invita du geste à m’asseoir à côté de lui. Shorty monta à l’arrière. Il avait rengainé son pétard depuis longtemps, mais sans reboutonner l’étui et sans trop en écarter la main.

De Spain démarra avec une secousse brutale qui me projeta contre le dossier. Nous virâmes sur deux roues au premier croisement et filâmes vers l’est. Une grosse voiture noire avec deux feux rouges jumeaux qui ne se trouvait qu’à un demi-bloc de distance nous fonça droit dessus, tandis que nous prenions le virage.

De Spain cracha par la portière et, de sa voix traînante, observa :

— C’est le Chef. Il sera en retard à son propre enterrement, celui-là. Mon vieux, on lui a coupé l’herbe sous le pied de justesse, cette fois-ci.

Du siège arrière, Shorty commenta d’un ton dégoûté :

— Ouais. Pour une mise à pied d’un mois.

— Si tu mettais une sourdine ? dit De Spain. T’aurais peut-être une chance d’être réintégré.

— Je préfère porter la casquette et bouffer, rétorqua Shorty.

De Spain lança la voiture à fond de train sur une dizaine de blocs, puis ralentit un peu.

— C’est pas par là qu’on va au commissariat, dit-il.

— Débloque pas, fit De Spain.

Il mit la voiture au pas, tourna à gauche dans une petite rue sombre et tranquille bordée de conifères avec des petites maisons aux lignes nettes et précises, devant des petites pelouses nettes et précises.

Il freina sans brusquerie, se rangea le long du trottoir et coupa le moteur. Puis il allongea le bras sur le dossier du siège et se tourna vers son acolyte à l’œil aigu.

— Tu crois que ce type l’a flinguée, Shorty ?

— Son pétard a servi.

— Sors la grosse torche électrique et jette un coup d’œil sur sa nuque.

Shorty eut un grognement de mépris, s’affaira à l’arrière du véhicule, puis il y eut un déclic métallique et le faisceau de lumière blanche aveuglante m’arrosa la tête.

J’entendis tout près de moi la respiration du petit homme.

Il allongea le bras et pressa du bout des doigts le point douloureux, à la base du crâne.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.