Plaine Obscure by Reeve Philip

Plaine Obscure by Reeve Philip

Auteur:Reeve, Philip [Reeve, Philip]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Juvenile Fiction, Science Fiction
ISBN: 9782070617425
Google: _a77RAAACAAJ
Goodreads: 15908649
Éditeur: Folio Junior
Publié: 2010-02-28T23:00:00+00:00


26

Ruiné !

La conférence de Manchester s’était éternisée, à mesure que les chefs de la Traktionstadtsgesellschaft élaboraient les détails de leur future offensive. Et « offensive » était bien le mot, songeait le Kriegsmarschall von Kobold en descendant de la gondole de son yacht céleste pour se diriger d’un pas raide vers le Rathaus. Effrayée par les rumeurs de guerre, sa femme était déjà repartie à Paris à bord du paquebot Veronica Lake. Elle ne lui manquait pas. Il l’avait tellement peu croisée, ces dernières années, qu’il avait l’impression de ne plus la connaître. Heureux de ne pas avoir à passer une autre soirée en sa compagnie dans leur suite officielle au décor trop lourd et trop parfumé, il grimpa les marches menant à la petite pièce du dernier étage dont il avait fait son foyer lorsque son épouse et Wolf étaient absents. Seul un portrait de Wolf ornait des murs blancs et nus. Du coup, le vieil homme reporta son attention sur les fenêtres et les chauves-souris noires qui voletaient sur le ciel crépusculaire strié par le sillage des machines volantes.

« Quelle paisible soirée ! » pensa le Kriegsmarschall en sortant des papiers de sa poche et en les jetant sur son lit. Pourtant, au matin, il devrait signer l’ordre qui renverrait sa ville à la guerre. Les jeunes gens seraient rappelés sous les drapeaux, les canons et les vaisseaux seraient préparés... Déjà, les femmes et les enfants se réfugiaient à l’ouest, à bord de cités plus calmes. Cette nuit, l’armure blindée de Murnau serait refermée. Il s’écoulerait des mois sans doute avant que lui-même ne revoie le ciel vespéral.

Il suspendit sa tunique et, se servant du téléphone posé sur la table de toilette, apprit à sa gouvernante qu’il dînerait dans sa chambre et lui commanda du pain, de la viande froide et un verre de bière. Il retournait vers la porte afin de vérifier qu’il ne l’avait pas verrouillée quand il remarqua un visage qui le fixait depuis la pile des papiers entassés sur le lit.

Il s’empara de la photographie, se demandant ce qu’elle fichait au milieu de la transcription ennuyeuse du discours de Browne. Il s’agissait d’une femme. Il lui fallut un moment pour se rappeler que c’était l’objet que Varley avait fourré de force dans sa poche. Après cet accablant après-midi belliqueux, il avait presque oublié sa rencontre dans le parc avec le minable négociant céleste. Il s’emporta. Penser qu’un marchand d’esclaves opérait à quelques kilomètres de Murnau, laquelle avait toujours refusé de tremper dans ce domaine détestable et avait mis un point d’honneur à libérer les esclaves de toutes les cités qu’elle avait mangées ! Penser que Varley se permettait de croire que lui, von Kobold, serait intéressé par l’achat d’une malheureuse !

Cliché en main, il repartit décrocher le téléphone. Il demanda à parler immédiatement à son chef de la sécurité, effrayant au passage l’opératrice par ses beuglements furibonds. En attendant qu’on le mette en communication avec l’homme, il chercha ses lunettes et inspecta de plus près l’image.



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