Les larmes de tarzan by Katarina Mazetti

Les larmes de tarzan by Katarina Mazetti

Auteur:Katarina Mazetti [Mazetti, Katarina]
La langue: fra
Format: epub
Tags: - Divers
Publié: 2011-11-03T02:01:04+00:00


« Risque imminent de viol »

S’il ne passe pas bientôt à l’action, je le violerai sur le tapis de l’entrée avant qu’il ait eu le temps de dire ouf, je vous le jure. En prenant soin d’enfermer d’abord les enfants dans le placard sous le prétexte que la police est à nos trousses, ils avalent n’importe quoi…

On est restés comme ça, soir après soir, tous les quatre, à se farcir les programmes de la télé, moi qui d’habitude ne regardais jamais la télé avec les enfants le soir. On préférait faire des jeux ou de la peinture avec les doigts ou préparer des gâteaux ensemble ou des trucs comme ça, parfois on mettait de l’ordre dans ma collection de boutons ou on découpait des photos dans des magazines que je remontais du local de tri. On les collait dans des cahiers que j’avais volés au boulot et ensuite on inventait des histoires pour les accompagner. Celles de Bella parlaient souvent de filles qui sauvaient leur papa d’étranges pétrins (« et alors une baleine est arrivée qui a mangé le papa et alors la fille lui a fait peur avec un aspirateur et la baleine a toussé et le papa est sorti »), celles de Billy étaient encore plus surréalistes. Je me souviens de l’histoire d’un tracteur qui était tombé amoureux d’un piano et puis ils voulaient aller au parc d’attractions et… et puis… le papa du piano est arrivé et leur a offert du cognac… le tout assorti de jolies photos. Il avait collé des palmes à la bouteille de cognac pour qu’elle puisse se déplacer aussi bien dans la mer que sur la terre.

Au début, Janne jouait avec nous, mais sa présence rendait les enfants complètement survoltés, ils déraillaient complètement et criaient et riaient à qui mieux mieux, ça se terminait en général avec de la casse. Si bien qu’on a commencé à vouloir calmer les esprits en regardant les informations à la télé, pour finir on était là tous les quatre à lutter contre le sommeil et à bâiller en suisse. Je me suis surprise à penser que les traits sur la carte de la météo ressemblaient à la toison sur la poitrine de Janne, je voulais y enfouir le nez et…

Janne avait probablement la même chose en tête, bon, peut-être pas exactement ma poitrine poilue, mais il y avait bien quelque chose qui le retenait chez nous. Et ce n’était pas les enfants, ça c’est certain. Je me souviens de sa mine quand Bella a posé sa tartine de confiture sur son pantalon clair, ou quand les enfants se sont mis en tête de planter des pépins d’orange dans sa boîte de tabac à priser pour voir s’il y pousserait des oranges.

Quand il osait me frôler en douce, Billy ne tardait jamais à se pointer pour dire « Maman est à moi ! Je l’ai vue en premier ! » et Bella pouffait de rire.

Quand il a commencé à apporter ses paniers de bouffe, ça a déclenché une atmosphère de fête et de rires et de foire dans la famille.



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