Les Arches de Walse by Caroline Duflot

Auteur:Caroline Duflot [Duflot, Caroline]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Les Editions LEN
Publié: 2019-06-11T22:00:00+00:00

Chapitre 21 : Au fil de l’eau

Elles marchèrent jusqu’aux premières lueurs de l’aube, bien après avoir laissé derrière elles les dernières émanations lumineuses de la grande Cité d’Orkhamir, seulement guidées par la froide et pâle lumière des étoiles qui leur permettait de discerner le tracé de la route. Il n’y avait pas âme qui vive. Ni villages ni champs, ni pâturages ni prairies fleuries. Comme si le fleuve délimitait l’influence de la société : au nord-ouest de son lit, les forêts et les landes transformées par les Bérellins et les Moans, aux routes bien fréquentées et aux villages florissants ; au sud-est, les étendues sauvages sur lesquelles aucune des grandes Cités n’avait réellement de prise.

Éreintées par leur nuit mouvementée, les voyageuses cherchèrent un endroit pour se reposer. Elles s’écartèrent de la route pour pénétrer dans un bois clairsemé composé d’arbres aux branches tombantes, aux odeurs de mousse et de vase. Elles avancèrent parmi les herbes, jusqu’à trouver une zone bien sèche.

« Arrêtons-nous là quelques heures, annonça Sérine.

– Je crois que je pourrais encore marcher, répondit Parelyr, mais je pense que Gramine ne pourra guère nous suivre plus longtemps. »

L’Entité les rattrapa à pas lents et s’assit contre la racine noueuse d’un des arbres.

« C’est là qu’on s’arrête ? » demanda-t-elle.

Sérine acquiesça. « Nous y serons tranquilles. Repose-toi, nous t’en avons déjà trop demandé. »

Gramine ne commenta pas et se coucha au sol, la tête posée sur sa patte antérieure valide. Elle parut s’être endormie sitôt les yeux fermés.

Parelyr s’installa également au sol tandis que Sérine buvait quelques gorgées de son outre. La Moan tendit le cou vers elle :

« À ton avis, dans combien de temps serons-nous à Laminas ?

– Je crois qu’on peut compter sur deux semaines de marche, si nous allons bon train. Mais nous commencerons à voir les contreforts de tes montagnes bien avant cela. » ajouta Sérine en se couchant.

Les yeux de la Moan s’illuminèrent à la mention de ses montagnes. Sérine n’avait guère de doute sur sa réelle motivation à rallier Laminas. Elle savait qu’en dépit du danger, cela la rapprocherait de sa maison, de ses enfants.

***

« J’ai une grande nouvelle à vous annoncer. » annonça solennellement Emeran en posant sa fourchette. Son père, Beren Condore, leva les yeux de son assiette. La jeune Sérine le regarda avec des yeux brillants.

« J’ai été accepté comme Officier de Cité. »

Un silence de courte durée accueillit son explication, le temps que son père réalise ce qu’il venait de dire.

« C’est formidable, Emeran ! » Il se leva et contourna la table pour prendre son fils dans ses bras. « Tu l’as su aujourd’hui ? Pourquoi ne nous l’as-tu pas dit plus tôt ? »

Le garçon eut une moue désolée :

« Je préférais l’annoncer quand nous serions réunis tous les trois.

– Ha ! Le souci de la mise en scène, tu as bien raison, c’est ce dont sont faits les meilleurs souvenirs ! »

En face d’Emeran, Sérine souriait, emplie de fierté pour son frère qu’elle avait encouragé tout au long de ses études, servant parfois de partenaire assidue lors des entraînements à l’épée.

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