Les fils du péché 2 - Le plus précieux des joyaux by Anna Campbell

Auteur:Anna Campbell [Campbell, Anna]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2019-04-03T00:00:00+00:00

20

— Lord Neville a raison. Il ne faut pas que M. Evans reste ici, déclara Geneviève le lendemain du cambriolage, en nouant ses mains devant elle pour les empêcher de trembler.

Elle se tenait au milieu du salon, enfin déserté de tout prédateur mâle. Lord Neville était rentré chez lui, et Christopher avait enfin cessé de la suivre partout pour aller faire galoper son cheval.

— Non, M. Evans doit rester, s’empressa d’affirmer son père. Quelle absurdité racontes-tu là, Geneviève ?

Le pasteur se tenait près du feu, enveloppé dans son châle qu’il ne quittait plus ; il sursautait au moindre bruit et s’enfermait à clé pour travailler dans la bibliothèque.

Geneviève sentit qu’elle allait devoir se faire violence pour livrer son accusation contre M. Evans. Cela n’aurait pourtant pas dû être aussi difficile. Elle savait que chacun des mots de cet homme était un mensonge, mais sa duplicité faisait saigner son cœur.

Elle se détestait. Comment avait-elle pu accepter de se laisser embrasser par ce fourbe ? S’il avait accusé lord Neville, c’était uniquement pour détourner son attention. Et s’il avait organisé ce pique-nique à Oxford, c’était pour permettre à ses hommes de main de brutaliser deux personnes âgées sans défense.

Le plus humiliant de tout, c’était qu’il l’avait caressée pendant que le cambriolage avait lieu. Geneviève en rougissait de honte. Elle était tellement crédule ! Le premier imbécile venu aurait tout de suite compris qu’un homme aussi sophistiqué que M. Evans ne pouvait pas s’intéresser à un bas-bleu comme elle, qu’il avait forcément une idée derrière la tête.

— M. Evans est responsable du cambriolage, déclara-t-elle d’une voix encore rauque des larmes qu’elle avait versées toute la nuit.

Elle ne s’était pas attendue que sa famille la croie sur parole, mais l’éclat de rire de sa tante la surprit.

— Ne sois pas sotte. M. Evans est un parfait gentleman.

Geneviève refusa vaillamment de se souvenir des instants où il ne s’était pas du tout comporté en gentleman.

— C’est lui qui est entré dans mon bureau, quand vous êtes allés dîner chez le duc de Sedgemoor, révéla-t-elle.

— C’est absurde, répliqua le pasteur. Cet homme-là était masqué, n’est-ce pas ? Et tu nous l’as décrit comme un affreux voyou, alors que M. Evans a des manières charmantes. Tu es parfois désespérante, Geneviève. Accuser de la sorte un honnête homme…

Son père avait adopté une expression butée qu’elle ne connaissait que trop bien. Rien ne pourrait le faire changer d’avis.

— Papa, l’implora-t-elle, en désespoir de cause. Je vous supplie de me croire.

— Tu le détestes depuis le premier jour. Je me demande bien pourquoi, d’ailleurs. Et maintenant, alors que tu sais tout le confort que me procure sa présence, tu voudrais me priver de sa présence. C’est méchant de ta part, Geneviève. Très méchant, conclut-il d’un ton boudeur.

— M. Evans était à Oxford avec toi quand c’est arrivé, intervint sa tante.

— Justement. Ne trouvez-vous pas cela suspect ?

Geneviève ne pouvait tout de même pas leur avouer qu’elle avait su que Christopher était l’intrus parce qu’elle avait reconnu son odeur après qu’il l’avait embrassée.

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