Leaphorn et Chee T09 Le vent qui gémit by Tony Hillerman

Auteur:Tony Hillerman [Tony Hillerman]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
ISBN: 9782743611590
Google: tHBkAAAACAAJ
Éditeur: Rivages/Noir
Publié: 2003-12-14T23:00:00+00:00

15

L’adjoint du shérif Ozzie Price était presque aussi âgé que Joe Leaphorn, il le connaissait depuis très, très longtemps et il se souciait plus de la façon dont il vivait sa retraite que de la raison pour laquelle l’ancien lieutenant voulait inspecter les objets ayant un rapport avec le meurtre de McKay.

— Si je me souviens bien, vous n’avez jamais été tellement passionné par la pêche, ni par la chasse non plus, dit-il en sortant le panier de plastique bleu de son étagère, dans le réduit où les services du shérif rangeaient les pièces à conviction. Et vous ne jouez pas au golf à ma connaissance. Comment occupez-vous votre temps ?

— Comme en ce moment, il faut croire. Je m’intéresse à toutes sortes de choses.

— Moi, je ne vois pas grand-chose d’intéressant dans le meurtre de McKay.

Il posa le panier sur la table réservée au tri, s’assit sur une chaise en dessous de la fenêtre et s’appuya contre le mur avant d’ajouter :

— Si je me souviens bien, Denton s’est fichu en rogne contre un arnaqueur, il lui a tiré dessus, il a reconnu les faits et il s’en est tiré avec les circonstances atténuantes, légitime défense. Je me trompe ?

— Non.

Leaphorn prit dans le panier un pantalon plié qu’il posa sur la table. Puis vinrent une chemise, raidie et tachée de sang coagulé, une ceinture avec une grosse boucle incrustée de turquoise, une paire de bottes donnant l’impression d’avoir coûté cher et une veste de cuir. Il examina cette dernière de plus près.

— Ça représente une jolie somme, une veste comme ça, commenta Price.

— Il n’y a pas de sang dessus. Pas de trace de balle, apparemment. Ni sur le devant, ni dans le dos.

— Elle était posée sur le dossier d’une chaise, quand je suis arrivé. Il ne la portait pas.

— C’est vrai ?

Leaphorn se remémora le récit que Denton lui avait fait du meurtre. McKay l’avait bel et bien eue sur le dos, en réalité. Il en avait sorti le pistolet. Il vérifia les poches.

— C’est vous qui vous en êtes occupé ?

— On était en sous-effectifs, ce soir-là. Il avait fallu qu’on envoie une voiture à Fort Wingate. Pour une blague douteuse de Halloween, en fin de compte. Enfin bon, moi, je suis allé chez Denton. (Il secoua la tête.) Ben mon vieux. Tu parles d’un château.

— L’arme de McKay, vous l’avez toujours ?

— Les armes à feu, on ne les range pas dans le même placard.

Il prit son trousseau de clefs, ouvrit un petit coffre à l’autre bout de la pièce et revint avec un revolver calibre trente-huit au pontet duquel était attachée une étiquette identificatrice. Leaphorn l’inséra dans la poche de la veste. Il y entra, mais pas facilement, et cela engendra une bosse proéminente.

— C’est là qu’il le mettait ? demanda Price.

— D’après ce que raconte Denton.

Price eut l’air dubitatif.

— Ce n’est pas une façon de traiter une aussi jolie veste, dit-il. Ma femme me tuerait, si je faisais ça.

Leaphorn laissa sous-vêtements et chaussettes dans le panier.

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