Le dragon chanteur by Anne Mccaffrey

Le dragon chanteur by Anne Mccaffrey

Auteur:Anne Mccaffrey [Mccaffrey, Anne]
La langue: fra
Format: epub
Tags: - Divers
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


CHAPITRE VII

Ne m’abandonnez pas !

Un cri dans la nuit noire,

La peur brise le cœur,

L’âme frémit de terreur.

L’agitation des lézards-de-feu tira Menolly d’un profond sommeil. Elle souhaita avec irritation qu’ils ne voulussent pas toujours dormir avec elle ; ç’avait été une journée excitante et épuisante, et elle avait eu bien assez de mal à s’endormir. Sa main se ressentait tellement d’avoir joué qu’elle avait dû plâtrer la cicatrice de baume pour diminuer la douleur. Elle donna un coup de coude à la petit reine, en espérant la tirer du rêve qui l’effrayait. Mais Belle était éveillée, elle ne rêvait pas ; ses yeux, jaunes, tourbillaient d’angoisse. Tous les lézards-de-feu étaient éveillés et inhabituellement alertes au cœur de la nuit.

Voyant les yeux de Menolly ouverts, Belle fredonna un son mi-craintif, mi-préoccupé. Rocky et Plongeur remontèrent les jambes de Menolly et s’accroupirent sur son estomac, la tête tendue vers elle. Leur yeux, eux aussi, tournoyaient avec la couleur et la vitesse de la peur. Les autres, qui se serraient contre elle, fredonnaient, en quête de réconfort.

Se dressant sur un coude, elle jeta un regard vers les fenêtres ouvertes. Elle distinguait tout juste les fanaux de Le Fort, noirs sur le ciel obscur. Il lui fallut quelque temps pour localiser la silhouette sombre d’un dragon de guet. Il demeurait immobile, donc ce qui inquiétait les lézards-de-feu ne le concernait apparemment pas.

— Quel est ton problème, Belle ?

Le fredonnement de la petite reine augmenta d’intensité. Rocky, puis Plongeur, y ajoutèrent leur note. Tante Une et Deux rampèrent fourrer leur museau sous le bras gauche de Menolly. Paresseux, Mimique et Oncle s’enfouirent dans la fourrure à sa droite, leurs queues fourchues lacérant son poignet, tandis que Chocolat faisait piteusement les cent pas sur ses pieds. Ils avaient peur.

— Qu’est-ce qui vous prend ?

Menolly avait beau s’évertuer, elle ne voyait pas ce qui pouvait les menacer à l’intérieur de l’atelier de harpe. Les convoiter, oui ; leur faire du mal, non.

— Tenez-vous tranquilles une minute et laissez-moi écouter.

Belle et Rocky émirent de petites trilles apeurés, mais ils lui obéirent. Elle écouta de toutes ses oreilles, mais les seuls bruits nocturnes étaient le murmure apaisant des voix d’hommes et un rire occasionnel venu de l’atelier en-dessous d’elle. Il n’était pas aussi tard qu’il lui avait semblé au début si les maîtres et les compagnons bavardaient toujours.

En se dégageant doucement des queues et des ergots, Menolly se glissa hors des fourrures du lit pour gagner la fenêtre. Plusieurs rectangles lumineux brillaient sur les pavés de la cour, deux projetés par la grande salle et un, au-dessus, par les quartiers de Robinton, situés après les siens.

Belle émit un trille préoccupé et s’envola sur l’épaule de Menolly, enserra de sa queue le cou de la jeune fille et s’enfouit dans ses cheveux, son petit corps frêle secoué de frissons. Les autres se mirent à pousser des clameurs anxieuses dans les fourrures, et Menolly se hâta de retourner auprès d’eux. Ils étaient pris de panique. Le maître harpiste n’approuverait peut-être pas son installation par Silvina si ses lézards-de-feu le dérangeaient la nuit dans ses études.



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