La saison de la guerre - Les Cités de lumière (volume III) by Abraham Daniel & DANIEL ABRAHAM

La saison de la guerre - Les Cités de lumière (volume III) by Abraham Daniel & DANIEL ABRAHAM

Auteur:Abraham Daniel & DANIEL ABRAHAM
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Fleuve Noir


Lorsque Maati se réveilla, Liat n’était plus là. Il traça de la main le contour de son corps dans le matelas à l’endroit où elle avait dormi. Au-dehors, il faisait déjà jour et chaud. Les oiseaux qui avaient chanté tout le printemps apprenaient désormais à leurs petits à voler. Le vert pâle des nouvelles feuilles s’était approfondi. L’été avait atteint son apogée. Maati se leva en grognant pour faire ses ablutions matinales.

Les journées avaient été chargées, depuis le départ pour l’Est de cette armée improvisée de va-nu-pieds. La perte de Pierre-Rendue-Tendre avait suffi à effrayer la cour et les maisons de commerce comme une inondation les souris. Mais l’annonce de la disparition d’un autre andat, et celle de la taille gigantesque des forces militaires galtiques, auraient fait passer ces événements pour secondaires alors qu’elles auraient eu l’effet d’un cataclysme dans des temps différents. Durant la moitié d’une semaine, la cité avait paru comme paralysée. Pas par la peur, mais simplement par l’absence totale de rituels ou de cérémonies adaptés à une telle situation. Puis, dans les maisons de commerce, au cours des banquets de femmes que Kiyan organisait, et enfin un peu partout, les membres de l’utkhaiem étaient entrés en action. Souvent de façon brouillonne, sans objectif bien déterminé, mais avec obstination et une attention extrême. Maati n’avait pas été en reste.

Cependant, il en faisait moins désormais – les livres étaient entassés en piles distinctes, les parchemins exhibaient des passages comme s’ils attendaient le copiste –, préférant arpenter les chemins larges et lumineux qui menaient aux palais. Il entendit moins d’esclaves chanteurs dans les jardins, trouva plusieurs endroits où le gravier éparpillé devait être ratissé. Même les hommes et les femmes de l’utkhaiem qu’il croisa parurent avoir perdu de leur superbe. On aurait dit qu’un vent terrible avait balayé un paysage et couché toutes les fleurs qu’il n’aurait pas détruites.

Le sentier s’enfonçait dans l’ombre de la forêt artificielle qui séparait la maison du poète des palais. Là se trouvaient de vieux arbres dont les troncs épais rappelaient les années difficiles, les triomphes et les échecs que les humains avaient connus depuis l’époque où leurs premières branches hésitantes avaient lutté pour pousser. De la mousse recouvrait les écorces et embaumait l’air. Des oiseaux voletaient au-dessus de la tête de Maati. Un écureuil rouspéta après lui lorsqu’il arriva à sa hauteur. Durant l’hiver, au moment où les chênes étaient nus, on pouvait pratiquement voir l’ensemble des palais depuis le porche de la maison du poète. Mais l’été on aurait pu se trouver dans n’importe quelle cité. La porte était ouverte ; Maati ne se donna pas la peine de frapper ni de gratter.

Le domicile de Cehmai présentait les mêmes signes que celui de Maati : les livres, les parchemins, les manuscrits anciens, les schémas disséminés sans respect pour leurs auteurs, leur usure ou leur type de reliure. Assis par terre en tailleur, Cehmai tenait un ouvrage entre ses mains. Avec ses robes brunes de poète étalées autour de lui, Maati eu l’impression de contempler un jeune élève dubitatif devant une traduction obscure.



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