La mer de l'ombre I by Fuyumi Ono

La mer de l'ombre I by Fuyumi Ono

Auteur:Fuyumi Ono [Ono, Fuyumi]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantasy
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


3.

Dormir dans un lit ici, c’était un peu comme dormir dans un futon étendu sur un tatami. C’était agréable.

Au milieu de la nuit, Yôko se réveilla. À l’autre bout de la pièce, Takki dormait profondément dans son lit. Elle s’était déjà montrée si généreuse avec elle. Yôko se leva, s’assit sur le lit en bois et serra ses genoux dans ses bras. Sa chemise de nuit, toute propre, fit un son doux en glissant sur sa peau.

La chambre aux volets clos était obscure et silencieuse. La lourde toiture et les murs épais protégeaient le sommeil des hommes des petits bruits de la nuit. L’air était immobile. Quel bonheur de se trouver dans une chambre où dormaient d’autres humains ! pensa Yôko.

Elle sortit et pénétra dans la salle à manger. Elle voulait toucher son épée. Pendant quatre jours, elle n’avait pas lâché la poignée de son arme une seule minute et elle se sentait maintenant vaguement inquiète de ne plus l’avoir à portée de main. Sur l’étagère où Takki l’avait rangée, elle prit l’étoffe dans laquelle elle était enveloppée, s’assit sur une chaise et la posa sur ses genoux. Takki lui avait donné un autre tissu pour remplacer son uniforme ensanglanté.

Elle respira calmement. D’après Takki, la ville de Kasai, où habitait sa mère, se trouvait à trois jours de marche. Là-bas, elle aurait enfin un endroit pour vivre, une place à elle dans ce monde. Elle n’avait jamais travaillé mais cette idée lui donnait plus d’espoir que d’inquiétude.

Comment sera la mère de Takki ? Et mes collègues ? Je dormirai la nuit, je me lèverai le matin, et pas le contraire… Et puis je me réveillerai dans une maison, pas au milieu de la forêt ! Et quand je commencerai ma journée, je ne penserai qu’à mon travail, et à rien d’autre… Tant pis si je ne peux pas rentrer chez moi, ni si je ne retrouve jamais Keiki, parce que au moins j’aurai trouvé mes bases, une vie saine…

Elle ferma les yeux et respira profondément, pleine d’espoir.

C’est alors qu’elle entendit un son cristallin sous le tissu. Elle ouvrit rapidement les yeux : une lueur transparaissait à travers la trame. Elle déroula l’étoffe avec précaution. Comme la première fois, la lame émettait une lumière et une petite image colorée dansait à sa surface. De la même façon qu’on effectue une mise au point dans un film, l’image apparut soudain, nette et précise.

Elle vit sa chambre, chez elle… C’était si réel, si proche, qu’il lui semblait n’avoir qu’à tendre la main pour en toucher le mur. Mais ce n’était qu’une illusion. Et toujours elle entendait le son d’une goutte d’eau qui résonnait dans une grotte.

À nouveau, elle vit sa mère déambuler dans sa chambre. Elle faisait les cent pas, ouvrant un tiroir de la commode ou passant un doigt sur le bord de l’étagère. Elle semblait chercher quelque chose. Après qu’elle eut ouvert puis refermé trois ou quatre fois le même tiroir, la porte s’ouvrit et son père apparut.

— Hé ! Je veux prendre un bain !

Yôko entendait distinctement sa voix.



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