La femme surdouée by Monique de Kermadec

La femme surdouée by Monique de Kermadec

Auteur:Monique de Kermadec [Kermadec, Monique de]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Psychologie, nouveaux
Éditeur: Éditions Albin Michel
Publié: 2019-10-02T00:00:00+00:00


Une dizaine de pages de cet acabit suivent, où il est affirmé péremptoirement qu’une « femme intelligente n’apporte rien à l’humanité », qu’elle est « un poids pour sa famille », qu’elle « vit au-dessus de ses moyens affectifs », qu’elle présente « des signes de débilité profonde », qu’elle « ne devrait jamais avoir ni enfant ni mari » ; qu’elle est « une ratée qui doit apprendre à assumer sa faiblesse ». En bref, pour ce blogueur et ses suiveurs, la femme intelligente n’est rien d’autre qu’un sous-homme.

Il faut se garder de prendre ces propos pour une opinion partagée par une large majorité des hommes. Mais ils sont significatifs de la situation particulière – au regard de celle d’un homme à haut potentiel – de la femme surdouée dans notre société. Il est certain que l’intelligence féminine continue de faire peur au sexe dit fort.

Contre elle sévit aussi, dans l’imaginaire collectif, le mythe de la femme surdouée castratrice, qui ne veut fréquenter, vivre ou se marier qu’avec des hommes surdoués comme elle. C’est sans doute le préjugé le plus infondé et le plus absurde qui soit, mais il participe de sa mauvaise réputation auprès de la gent masculine. Formuler ce jugement, c’est prétendre qu’il y aurait une incompatibilité entre l’intelligence et le sentiment. On frise très vite la caricature : une femme sentimentale est donc une cruche ; une femme intelligente, une frigide de cœur et d’esprit.

Est-il facile, pour les femmes à haut potentiel, de venir à bout de ce préjugé ? En vérité, c’est l’un des plus ancrés car il touche, lui aussi, au caractère irrationnel de certaines relations entre les hommes et les femmes et de leur mutuelle perception, depuis la nuit des temps. Cette confrontation provoque des réactions épidermiques chez les deux sexes. Elle a néanmoins un historique, dont l’étude permet de mieux cerner le problème, pour trouver, peut-être, le moyen de le régler.

Luisa Muraro, dans un très riche article paru en 1996, fait remarquer qu’« une partie de la pensée féminine (c’est-à-dire de femmes) s’est trouvée engagée et continue de l’être dans la polémique entre, d’une part, l’expérience, et d’autre part, le savoir discursif ou raisonnant(27) ». Or les expériences décrites par les femmes dans leur connaissance soit de la science – guérisseuses, herboristes, sages-femmes – soit de Dieu – les grandes mystiques comme Jeanne d’Arc, Catherine de Sienne, Thérèse d’Avila, ou Angèle de Foligno –, qui franchissaient les limites du monde codifié, ont soulevé la réprobation des législateurs, tous domaines confondus. C’est ainsi, fait remarquer la philosophe italienne, qu’aux XVIIe et XVIIIe siècles, la culture magico- scientifique, pratiquée et transmise par les femmes, a été volontairement étouffée. Agrippa von Nettesheim, Paracelse, Giambattista della Porta, qui firent l’éloge du savoir des sorcières, jugées ennemies de l’ordre social, connaîtront leur sort. Dans le même temps, furent exclus du champ du savoir les sujets « non autorisés », qui s’avérèrent généralement être des femmes. Luisa Muraro pose comme hautement probable qu’il y a toujours eu un



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