Janice ne répond plus by MacDonald John D

Janice ne répond plus by MacDonald John D

Auteur:MacDonald, John D.
La langue: fra
Format: epub
Tags: Série Noire
Éditeur: Série Noire
Publié: 1961-08-15T00:00:00+00:00


8

Le samedi après-midi, vers quatre heures, je décidai brusquement d’aller jeter un coup d’œil à la Reine des Mers. Ce fut une impulsion subite. Je n’avais jamais examiné le cruiser de près et je me dis que ce serait le moyen le plus simple de découvrir à qui il appartenait.

J’avais le choix entre plusieurs chantiers navals, mais je me rappelai que le bateau avait déjà été réparé une fois chez Jimson. Je quittai la grand-route à quinze cents mètres de chez moi et gagnai le bord de mer.

Bien qu’il soit progressivement devenu une grosse affaire, le chantier de Jimson donne toujours la même impression de désordre, de rouille, de délabrement et de laisser-aller. Les hangars et les bâtiments sont agglutinés au petit bonheur et les grands docks auraient besoin de nouveaux pilots. Il y a des bassins couverts, aussi bien d’eau douce que d’eau de mer, et le chenal est assez profond pour qu’on puisse remorquer dans le chantier n’importe quel rafiot de moins de vingt-et-un mètres, le mettre en cale sèche et le reconstruire du talon de la quille à la pointe du grand mât, pourvu que vous ayez les moyens de payer. On y trouve les meilleurs mécanos du pays en matière de moteurs marins, des ateliers bien équipés et une politique des prix qui a tiré des larmes à plus d’un homme endurci.

Ce samedi-là, il régnait chez Jimson l’habituelle ambiance de ruche qu’on trouve dans tous les chantiers un peu importants, au milieu du ronflement des scies et des ponceuses, du fracas des outils tombant sur le ciment, et d’une suffocante odeur de vernis, de peinture, d’essence et de solvant. Les propriétaires bricolaient sur leurs bateaux, et le personnel du chantier travaillait sur les bateaux des clients.

Je flânai sans que personne me prête la moindre attention jusqu’à ce que je repère la Reine des Mers. Elle était dans le bassin couvert où on procède aux réparations, dans une cale de halage, la poupe contre l’appontement. Un homme vêtu d’un short kaki assez sale et d’une vieille casquette de base-ball en toile bleue était en train d’adapter un nouvel élément de rambarde au coin tribord de l’étambot. Il ajustait la pièce d’acajou qu’il venait de façonner. C’était un petit vieux au dos brun tout voûté.

Il se retourna, me regarda, sourit en exhibant une mâchoire qui avait le plus urgent besoin de coûteuses prothèses dentaires, et s’écria :

— Mais, Dieu me pardonne, c’est le petit Sammy ! Comment ça va, fiston ?

— Salut, J.B. Je vous croyais dans un fauteuil à bascule, en train de vous la couler douce chez vos petits-enfants.

— Pour sûr que c’est là que je voudrais être, mais le vieux Jimson s’est juré de me faire crever à la tâche. Il arrête pas de me cajoler pour que je reste, sous prétexte qu’il ne trouve plus de bons ouvriers. Et le pire, c’est que c’est vrai. Mais il pique des coups de sang parce que je refuse de travailler sur les bateaux de série. J’aurais honte de toucher à des camelotes pareilles.



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