Game of Trolls by Julien Hervieux & L'odieux connard

Game of Trolls by Julien Hervieux & L'odieux connard

Auteur:Julien Hervieux & L'odieux connard [Hervieux, Julien & connard, L'odieux]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Humour
ISBN: 9791093835433
Éditeur: Bragelonne
Publié: 2019-11-26T23:00:00+00:00


XV

SAM, SAGACE

Les pieds de Sam s’enfonçaient un peu plus dans la neige à chacun de ses pas dans sa course effrénée à travers le blizzard.

La technique du fondu au noir lui avait permis d’échapper à l’armée des morts-vivants sans avoir à expliquer comment. Malgré tout, la créature à la peau laiteuse à la tête de cette escouade de l’armée des morts l’avait retrouvé et s’était lancée à sa poursuite. Et à présent, sans autre ruse de montage ou raccourci scénaristique pour lui venir en aide, Sam en était réduit à utiliser l’une de ses compétences les moins développées : la course. En effet, Sam avait longtemps été dans le groupe de ceux que les capitaines d’équipe choisissaient toujours en dernier en cours de sport. À l’époque, Sam s’en moquait, mais à présent il se rendait compte qu’être lâche sans savoir fuir vite était une mauvaise combinaison. À bout de souffle, et comme tous les élèves ayant couru une épreuve d’endurance en hiver, Sam se dit qu’il préférait encore subir le courroux de son ennemi que de continuer à avancer.

— Écoutez, monsieur le mort-vivant, haleta Sam, si vous pouviez me tuer vite, vous seriez sympa, parce que là je suis à deux doigts de la crise d’asthme.

La créature ne répondit pas. Silencieuse comme une bibliothécaire, elle s’avançait droit vers le pauvre garçon. Qui, par réflexe, tira son épée : après tout, quitte à mourir, autant le faire l’arme à la main. Une légende nordique prétendait que, si on mourait ainsi, des vaches qui rient descendaient du ciel. Et, quitte à mourir, Sam n’aurait pas dit non à un dernier petit fromage.

— Rah ! cria Sam en assenant un grand coup d’épée à la créature dès qu’elle fut assez proche.

À sa grande surprise, non seulement le monstre n’en souffrit pas plus que s’il lui avait jeté une pantoufle, mais l’épée se transforma instantanément en poussière. Sam se mit à éternuer violemment. C’était diabolique : avec ses allergies, voilà que son épée se retournait contre lui. Il tomba au sol, secoué par ses éternuements.

— Si seulement un incroyable coup de bol pouvait me venir en aide ! couina-t-il.

Un éternuement plus fort que les autres souleva la neige poudreuse sous lui, et révéla, juste à ses pieds, une sorte de couteau grossier des temps anciens, comme ceux qu’utilisaient parfois les barbares. Sauf que celui-ci était constitué d’une roche aussi noire que le fondu qui avait sauvé Sam un peu plus tôt. Ce ne pouvait être une coïncidence ! Sam s’en empara promptement et se jeta sur son adversaire pour lui planter son arme en plein cœur. La créature poussa un cri de douleur suraigu avant, à son tour, de se transformer en poudre. Sam se couvrit le nez avec sa cape, c’eût été ballot de faire tout ça et de mourir d’une crise d’asthme parce qu’il avait respiré un peu trop de poussière de mort.

Sam se releva péniblement, encore sous le choc, et s’épousseta. En bon lecteur et homme de lettres, il décida de reprendre point par point le déroulement des événements pour organiser ses pensées.



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