Docteur Dragon by Alain Yaouanc

Auteur:Alain Yaouanc [Yaouanc, Alain]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Espionnage, Littérature française
Éditeur: Fleuve Noir Espionnage
Publié: 1964-09-07T16:27:14+00:00

CHAPITRE X

L’homme sortit son poignard, le lança, mais Régis évita l’arme d’un souple mouvement du corps, puis se jeta en avant et fit basculer son adversaire, roulant avec lui sur la natte. En même temps, comme Li Che poussait un cri d’avertissement, il se retourna. Un atemi, une projection : son nouvel agresseur se trouva rejeté en avant, recevant le poignard qui jaillissait.

— Mon veston, dans la pièce à côté ! Vite !

Il sonda du regard la demi-obscurité, mais il n’entendait rien, ne voyait rien. L’homme qui avait frappé avait disparu. Le poignard à la main, il hésita. Li Che revenait avec son veston ; il prit son pistolet dans une des poches du vêtement et fit signe à la jeune femme de surveiller la portière qui bruissait à peine, comme le bourdonnement d’une abeille paresseuse. Le sang coulait et s’élargissait sur la natte. Il se pencha : son adversaire était touché à mort.

— Les griffes du Dragon… Tu seras frappé par elles et…

— Ce n’est pas moi qui t’ai frappé, mais un de tes amis qui a voulu m’atteindre et qui t’a blessé. Je te conduis immédiatement à l’hôpital. Dis-moi qui est ce Docteur Dragon, dont tu parlais.

— Docteur Hsiang. Honorable Docteur Dragon, maître des douze premiers rangs.

— Qui est ce docteur Hsiang ? Où est-il ? Que fait-il ?

Le Jaune eut un sourire ironique ; sur son visage, déjà pincé par la mort, une expression de souffrance aiguë passa comme un éclair.

— Tu n’aurais pas dû t’occuper de cela. Tu…

Il hachait ses mots d’une façon presque inaudible. Soudain, avec un hoquet, il s’effondra. Régis se pencha ; Li Che le toucha au bras, timidement, tandis qu’il fouillait le corps. Peu de chose, à l’exception d’un minuscule dragon en cuivre, grand comme une pièce de monnaie, qu’il considéra pensivement.

— Dépêchons-nous ! supplia-t-elle. Je vous en prie !

Il se releva, traversa la pièce. À côté, la fille dormait toujours. Li Che jeta à celle-ci un regard de mépris.

— Elle vous a dit quelque chose ?

— Non, rien.

Un boy surgit, prétendant leur interdire la sortie. Il reçut un coup terrible à la base du cou et glissa doucement, une expression étonnée sur le visage.

— Partons d’ici ! Nous ne saurons rien ! Ils sortirent et marchèrent rapidement, Li Che se retournant de temps à autre en frémissant. La nuit était molle et profonde. Il prit soudain la jeune Chinoise par la main et se mit à courir. La voiture était à quarante mètres environ.

Un vendeur de soupe qui circulait à côté d’eux, le balancier sur l’épaule, s’effondra soudain. Les marmites se renversèrent bruyamment et quelques passants s’arrêtèrent.

— Dépêchons-nous ! hurla Régis.

Il poussa Li Che devant lui et se retourna. À cinquante mètres, derrière eux, il n’y avait qu’un couple, deux rickshaws, un conducteur de pousse et un Eurasien au visage osseux, portant bizarrement – vu l’heure tardive – des lunettes de soleil. Au moment d’arriver à la voiture, l’agent secret heurta une femme qui s’effondra bruyamment. Il se pencha. L’Eurasien se mit à courir, portant la main à sa bouche.

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