DURRUTI dans le labyrinthe by Auteur inconnu

DURRUTI dans le labyrinthe by Auteur inconnu

Auteur:Auteur inconnu
La langue: fra
Format: epub


Moscou

Pour Moscou partirent Francisco Carreno, José Ber-ruezo, un des dirigeants du syndicat de la métallurgie de Barcelone, et Martin Gudell, un Lituanien qui dirigeait avec Souchy le Bureau de propagande extérieure de la CNT. Alcôn et Carbô restèrent à Barcelone. La presse libertaire fit état du voyage et de la lettre de Durruti au prolétariat russe, « toute pleine d'émotion et de sincérité révolutionnaire »12S. La délégation catalane arriva à Leningrad le 10 novembre. Il y avait foule à la gare pour les accueillir et on leur offrit des fleurs à leur descente du train. Lors du meeting organisé en leur honneur, les représentants de divers syndicats prirent la parole pour leur prodiguer des encouragements à continuer le combat contre le fascisme. Ce furent Carreno, pour la CNT, et José Gonzalez, pour l'UGT, qui répondirent au nom de la délégation126. Le Moscow Daily News, journal de propagande en anglais publié à Moscou, relata laconiquement : « Francisco Carreno, combattant de la fameuse colonne Durruti, instituteur à Barcelone, a déclaré : “ Le peuple espagnol est prêt à tous les sacrifices. Nous savons que la victoire sur l'ennemi fera de nombreuses victimes, mais quoi qu'il en soit nous vaincrons. " »127 Tout en ménageant la susceptibilité des membres de la délégation appartenant à d'autres organisations, Carreno avait à plusieurs reprises, au cours de son discours, mentionné son anarchisme et rappelé le rôle joué par les libertaires le 19 juillet à Barcelone, puis sur le front d’Aragon. Dans la traduction de son discours, Carreno fut présenté comme républicain, de même que les ouvriers qui avaient victorieusement livré bataille au fascisme. Les communistes, qui pour leur part n'avaient joué aucun rôle, se virent attribuer le principal mérite de

la victoire à Barcelone. Et comme de bien entendu, l'assistance applaudit le traducteur en poussant des vivats en l'honneur de Staline. Mais une fois qu'ils furent à leur hôtel, Gudell, qui comprenait le russe, révéla l'imposture à Carreno. Tous deux décidèrent cependant de ne pas protester pour ne pas compromettre les chances de succès de leur mission.

La délégation catalane ne formait qu'une partie de la délégation espagnole, qui comptait en tout quarante personnes. Le secrétaire du groupe parlementaire communiste, Antonio Muriel, porte-parole de la délégation, avait reçu en Espagne des instructions des agents du Komintem Stepanov et Togliatti afin que les délégués se montrent en toute occasion très reconnaissants de l'aide « désintéressée» de l'URSS et des attentions de Staline, mais se gardent bien de dire un mot concernant les armes. L'Union soviétique ayant signé l'accord de non-intervention, il ne fallait surtout pas mentionner en public une quelconque aide militaire. La délégation de la CNT ne se joignit pas aux autres délégués pour chanter les louanges de l'URSS, mais elle ne fut bien sûr pas en reste quand il s'agissait de réclamer des armes. A son retour, Muriel raconta à Jesûs Hernandez, ministre communiste de l'Éducation, quels moments pénibles il avait vécus : « [...] toute la délégation n'avait qu'une idée en tête, une obsession : demander des armes au gouvernement soviétique.



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