Azalaïs by Maryse Rouy

Azalaïs by Maryse Rouy

Auteur:Maryse Rouy [Rouy, Maryse]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782764420041
Éditeur: Québec Amérique
Publié: 2013-03-28T00:00:00+00:00


Néanmoins, elle ne changea rien à son attitude et il se fit de nouveau prudent et discret. Un jour, il proposa un concours à ses apprentis troubadours : il s’agissait de composer un couplet en l’honneur d’Azalaïs qui devrait, aidée des jeunes filles, désigner le meilleur. Ce qui, au début, n’était qu’une idée lancée en l’air, prit en quelques jours des proportions inattendues et il fut décidé que la joute se déroulerait devant un public élargi qui jugerait, à la manière d’un tribunal, présidé par la châtelaine, lequel, parmi les poètes, aurait réussi le plus bel hommage. Les écuyers se préparèrent fiévreusement à faire assaut de courtoisie et de virtuosité, comme en été ils faisaient assaut de vaillance. Six candidats s’étaient présentés et il fut convenu que, contrairement à l’habitude, chaque troubadour chanterait sa composition au lieu d’en laisser le soin au jongleur, de sorte qu’il ait lui-même la responsabilité de mettre son texte en valeur; néanmoins, Roger accompagnerait, avec sa flûte, ceux qui ne savaient pas jouer d’un instrument.

La date du tournoi poétique fut fixée à Pâques: de grandes fêtes étaient prévues et tous les vassaux de la Moure seraient présents, plusieurs jours durant, pour chasser et festoyer. Ce serait une distraction supplémentaire à offrir aux invités. Les participants faisaient de grands mystères et s’isolaient pour préparer leur performance. Les jeunes filles étaient excitées et Azalaïs – même si elle savait que c’était davantage à sa position de dame du château qu’à ses qualités personnelles qu’elle devait ces hommages – ne pouvait s’empêcher de ressentir un plaisir de vanité à se voir l’objet et le centre de toute cette activité. Pour donner plus de piquant à la joute, elle avait annoncé qu’elle remettrait au gagnant l’anneau d’or qu’elle portait au doigt. L’objet était précieux et le désir de le gagner stimulait encore plus les jeunes gens.

Le soir venu, avant les agapes, il fut procédé à un tirage au sort pour déterminer l’ordre dans lequel se présenteraient les jouteurs que l’on entendrait tout au long du repas. Le premier que le hasard désigna fut un tout jeune garçon, de quinze ans à peine, qui n’était au château que depuis quelques mois. Jean de la Haille était svelte et gracieux, et l’entraînement aux armes n’avait pas encore durci son corps qui gardait de l’enfance une douceur quasi féminine. Son aspect lui valait d’être un peu rudoyé par ses camarades, qui prisaient la virilité par-dessus tout, mais Arnaut le défendait car il appréciait sa sensibilité poétique, et les jeunes filles l’adoraient parce qu’il savait tourner un compliment mieux que personne. Il s’avança, et s’accompagnant de son luth, il chanta :

Aissi cum es bella cill de cui chan,

e bels sos noms, sa terr’e siei chastel,

e beill siei dich, siei faich e siei semblan,

vuoill mas coblas movan totas en bel.

E dic vos ben, si ma chanssos valgues

aitant cum val aicella de cui es,

c’aissi venques totas cellas que son,

cum ill val mais de las autras del mon17.



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