45 Consigne impitoyable by Paul Kenny

Auteur:Paul Kenny [Kenny, Paul]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Espionnage
Publié: 2017-08-02T22:00:00+00:00

CHAPITRE XI

La Nash avait quitté depuis plusieurs minutes les abords du parc Mont-Royal quand Gilles Cordeau murmura :

— J’ai la sensation très nette que l’inspecteur Madden et le vieux Gatherby sont déjà en train de discuter la question avec Basaldo en personne. La Mercury les a littéralement désarticulés avant de les passer au rouleau compresseur.

Coplan, le regard plutôt morne, grommela :

— Car vous croyez que les morts continuent à se passionner pour nos histoires ?

— En effet, concéda Cordeau, cela reste à démontrer. Mais ce qui ne doit plus l’être, c’est que nous avons affaire à des bandits de la pire espèce. Vous avez vu ce coup-là ! Cette précision diabolique, cette efficacité, cette sûreté dans l’exécution.

Coplan haussa les épaules, vira sèchement dans la rue Saint-Denis qui descendait en droite ligne jusqu’aux rives du fleuve.

— Nous le savions déjà au départ, rappela-t-il. Avant de quitter Paris… Mais, dans le cas qui nous occupe, je serais plutôt enclin à penser que le pilote de la Mercury a improvisé son coup double. Leur idée première devait être de liquider purement et simplement le vieux marchand de tableaux, devenu trop compromettant. Ensuite, ils ont projeté de rejoindre Gatherby et l’inspecteur dans le chalet de Basaldo. Mais en voyant Madden et Gatherby cheminer côte à côte dans cette allée déserte, le type qui tenait le volant de leur bagnole a saisi l’occasion…

— Ces gens ont ceci de bon, nota Cordeau28, c’est qu’avec eux, inutile de se tracasser quand on commet une boulette : les comptes sont réglés à la minute, et cash.

Coplan approuva d’un hochement de tête. Cordeau reprit encore :

— La mort du détective Jack Madden va faire un foin du diable, étant donné les circonstances.

— Voire ! supputa Francis. Les services spéciaux ne vont-ils pas s’ingénier à minimiser le drame pour être à même d’enquêter plus à fond ? Pas plus que nous, les collègues de Madden ne doivent priser le tam-tam des journalistes et des politiciens.

En prononçant ces mots, Coplan rangeait doucement la Nash dans l’un des parkings de la place d’Youville, le long du bâtiment des Douanes.

Il coupa le contact, serra le frein à main.

— Venez, dit-il à Cordeau, nous allons essayer de mettre le grappin sur Walborn pour lui annoncer les événements et lui demander où il en est.

Ils partirent par la rue des Sœurs-Grises et débouchèrent peu après dans Wellington Street. Perry Walborn montait la garde dans cette rue où se trouvait l’hôtel Alexa, le modeste établissement qui hébergeait Liz Alcom depuis qu’elle était à Montréal. C’était une bâtisse efflanquée, avec une façade grisâtre, n’ayant comme entrée principale qu’une porte cochère ouverte en permanence.

Un premier passage de Coplan resta sans résultat.

— Séparons-nous, dit-il à Gilles Cordeau. Je vais faire le tour du bloc, pousser jusqu’à la grille du chemin de fer, revenir par Duke Street et, s’il le faut, j’étendrai ma ronde jusqu’à l’angle de la rue Nazareth. Prenez l’itinéraire inverse, nous ferons notre jonction à la voiture.

— D’accord, acquiesça Cordeau qui s’éloigna aussitôt, les deux mains dans les poches de sa gabardine grise.

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