3 La Revelation by Gemma Malley

3 La Revelation by Gemma Malley

Auteur:Gemma Malley [Malley, Gemma]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2013-09-30T22:00:00+00:00


Chapitre 12

Margaret Pincent était très malade. Elle sentait la sécheresse de ses mains crispées, la fatigue écrasante qui gagnait lentement son corps. C'était le sort qu'elle méritait, et elle l'acceptait de bon cœur… oui, elle accueillait la mort et le soulagement qu'elle apportait. Les autres condamnés à mort étaient privés de Longévité du jour au lendemain – le choc était brutal, rapide -, mais pas elle. Ils lui avaient réservé un traitement spécial, réduisant les doses petit à petit, sans doute parce que la fille de Richard Pincent avait droit à certains privilèges. Mais Margaret pensait qu'il s'agissait juste d'une autre forme de châtiment. Son déclin était si progressif qu'elle le remarquait à peine et doutait de chaque symptôme, incapable de déterminer si c'était seulement dans sa tête, si elle devenait folle ou si la fin était proche.

Mais à présent, elle le sentait. Elle était devenue une vieille femme. Douze mois plus tôt, elle était Directrice en chef du Foyer de Surplus de Grange Hall – crainte, respectée, obéie sans discussions. Aujourd'hui, sa vie n'était plus qu'une lente décrépitude. Chair pourrissante, organes usés, mort inévitable : voilà le destin qui l'attendait. Son unique perspective d'avenir.

Si c'était à refaire, elle le referait. Elle le tuerait, encore et encore. Stephen, son ancien mari, avait enlevé leur fils pour en faire un Surplus. Il lui avait fait croire que Peter était mort. Son propre petit garçon – devenu plus tard l'adolescent qu'elle avait elle-même torturé sans le savoir, comme tous les autres qu'elle avait punis parce qu'ils n'étaient pas son fils. Son bébé. Pour cela, Stephen méritait bien pire que la mort ; elle regrettait juste de ne pas l'avoir fait souffrir davantage.

Mais son déclin physique la révoltait. Dans un monde où la mort n'existait plus, la chair mortelle et vulnérable était forcément redoutée et méprisée. Margaret éprouvait la même répugnance que celle qu'elle lisait sur le visage des gardes : leurs yeux plissés, leurs lèvres repliées de dégoût comme s'ils venaient de manger un aliment pourri. Elle sentait la putréfaction, et les murs grisâtres qui l'entouraient semblaient exacerber cette odeur. La mort était un spectacle abject. Même son médecin avait du mal à la regarder, comme si ses symptômes étaient contagieux et qu'elle risquait de le contaminer.

Elle méritait amplement ce qui lui arrivait. Elle le savait. Et c'est ce qui l'empêchait de se rouler en boule dans un coin pour sangloter misérablement. C'est ce qui lui permettait de garder un peu de sang-froid. Parce qu'elle avait creusé sa propre tombe. Elle n'avait rien d'une victime.

Dans un carnet qu'elle gardait au pied de son lit, Margaret consignait la liste de tous les changements qui l'avaient affectée depuis le début de son incarcération, quand ses doses de Longévité avaient progressivement été réduites. D'abord, il y avait eu sa peau : flétrie et rêche au toucher, puis flasque, comme si elle ne cherchait même plus à maintenir l'illusion de la jeunesse. Les petites plaies du quotidien ne cicatrisaient plus, elle se faisait sans arrêt des hématomes et ses paupières étaient lourdes.



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