1908-Tremblemer by Bussy Alain Le

1908-Tremblemer by Bussy Alain Le

Auteur:Bussy, Alain Le [Bussy, Alain Le]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Anticipation, FNA
ISBN: 2265048933
Éditeur: Fleuve Noir
Publié: 1993-03-31T22:00:00+00:00


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Jobig était de l’expédition. Avec une liste détaillée de tout ce qu’il lui fallait. Les labos avaient beaucoup travaillé pour transformer les récentes récoltes et certains produits de base menaçaient de faire défaut. Ou d’autres, moins utilisés, mais dont il avait besoin pour ses expériences. Et Carvil avait appris à laisser faire le Scientiste, sachant qu’en fin de compte le navire tirerait profit d’une manière ou d’une autre de ces recherches.

Ce fut Jobig qui eut l’idée d’emmener quatre nautes avec eux. Trois anciens terriens et un Gabier provenant de la Vindicte. Ils avaient la particularité de mesurer tous plus de six pieds et d’être presque aussi larges que hauts. Ce n’étaient pas des bagarreurs, peut-être parce que rares étaient ceux qui avaient osé les défier.

Au bout de quelques pas, ils se félicitèrent de cette escorte : malgré les affirmations de la capitainerie, les rues de Montfort n’étaient pas vraiment sûres et ils assistèrent à deux ou trois accrochages entre des patrouilles de la Garde Bourgeoise et des gens qui voulaient se diriger vers les entrepôts. Des gens de la ville mélangés à ceux des villages, des gens qui hurlaient qu’ils avaient faim, qu’ils avaient peur et voulaient embarquer. Ils croisèrent aussi un petit groupe de pillards, à en croire leurs bras chargés d’un butin hétéroclite où se mêlaient vêtements, bibelots et bocaux de fruits ou légumes séchés. On les regarda d’un œil torve et quelqu’un fit même deux pas dans leur direction, puis reprit son chemin en constatant que les quatre malabars se mettaient en ligne et levaient des poings gros comme une tête d’homme adulte.

Ils durent faire un détour, la rue menant à la capitainerie et au Conseil de la Navigation étant barrée par une maison qui s’était effondrée. Carvil se demanda si c’était uniquement dû à l’émeute de la nuit ou à quelque secousse tellurique.

Autour de la capitainerie, le calme régnait, et des groupes de citoyens dégageaient les rues sous la surveillance de quelques gardes, les plus âgés, suant et soufflant dans des uniformes qu’ils n’avaient probablement plus portés depuis des années.

— Maître Meldel, le Noë du vaisseau qui vient d’arriver, fit un garde qui servait d’huissier.

— Ah, les gens de l’Extase ! fit en les voyant arriver quelqu’un qui semblait important, ou s’en donnait le comportement et l’apparence. Je vais envoyer une équipe pour décharger tout ce que vous avez à bord.

— Vous avez déjà convenu d’un prix avec mes gens ? demanda Carvil.

L’étonnement qu’il avait ressenti se transforma soudain en méfiance, sentiment confirmé par les paroles suivantes de son interlocuteur, qu’il n’avait jamais rencontré auparavant.

— Le Conseil Bourgeois a supprimé les crédits d’heures. Le temps n’est plus à l’égoïsme ni au mercantilisme. Les plates-formes et tout ce qu’elles transportent appartient à la communauté.

L’homme avait parlé d’une façon un peu saccadée, comme s’il s’efforçait de répéter mot à mot des phrases apprises par cœur peu de temps auparavant.

D’une certaine manière, Carvil se devait d’approuver. L’ancien mode de vie disparaissait lentement et ce qu’il en restait ne résisterait pas longtemps aux nouveaux maux nés de l’approche d’Octa.



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