19 Histoire du Consulat et de l'Empire, (Vol. 09) by Histoire de France - Adolphe Thiers

19 Histoire du Consulat et de l'Empire, (Vol. 09) by Histoire de France - Adolphe Thiers

Auteur:Histoire de France - Adolphe Thiers [Thiers, Histoire de France - Adolphe]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


CONFÉRENCES D'ERFURT.

Napoléon recevant Mr de Vincent, Ministre d'Autriche.

Profond secret gardé à l'égard M. de Vincent.

Napoléon avait tracé d'avance la conduite à tenir à l'égard de l'envoyé autrichien. D'abord, pour que les secrets de l'entrevue fussent bien gardés, ils avaient été renfermés entre quatre personnages, les deux empereurs et leurs deux ministres, MM. de Romanzoff et de Champagny. Alexandre et M. de Romanzoff par l'intérêt de leur ambition, Napoléon par l'intérêt de sa politique tout entière, M. de Champagny par une discrétion à l'épreuve, étaient incapables de laisser échapper aucune partie du secret des négociations. On en avait fait mystère même à M. de Talleyrand, dont Napoléon se méfiait chaque jour davantage, surtout lorsqu'il s'agissait de relations avec l'Autriche. On lui avait bien confié que le but de l'entrevue était de rapprocher les deux empires de France et de Russie, de fixer même dans une convention les principes qui les uniraient; mais l'objet positif des résolutions lui avait été soigneusement caché. On ne disait donc absolument rien à M. de Vincent; et quand il se plaignait de ce que son maître avait été laissé en dehors de cette réunion impériale, on lui répondait, sans beaucoup de ménagements, que c'était la conséquence de ses armements inexplicables; que pour être associé à une politique, il fallait s'y montrer favorable, et non pas avoir l'air de préparer contre elle toutes les forces de ses États; que tout ce que l'Autriche gagnerait à une telle conduite, ce serait d'être chaque jour tenue plus éloignée des affaires sérieuses de l'Europe, et qu'il ne lui resterait, si elle voulait de grandes intimités, qu'à les aller chercher en Angleterre.

Fausse position de M. de Vincent, rendue tous les jours plus embarrassante par un calcul de Napoléon et d'Alexandre.

La position de M. de Vincent devenait à chaque instant plus fausse, et Napoléon mettait à la rendre embarrassante, souvent même humiliante, quoique la politesse extérieure fût extrême, une malice qu'Alexandre secondait de son mieux. M. de Vincent n'avait de ressource qu'auprès de M. de Talleyrand, qui était toujours plus dévoué à la politique autrichienne, et qui s'efforçait de rassurer M. de Vincent en lui affirmant que rien ne se faisait, et qu'on affectait l'intimité, uniquement pour maintenir la paix dont tout le monde avait besoin. On se réunissait beaucoup chez une personne distinguée, sœur de la reine de Prusse, la princesse de La Tour et Taxis, qui recevait chez elle la compagnie la plus brillante, et souvent l'empereur Alexandre lui-même. On insinuait là tout ce qu'on ne voulait pas dire ouvertement dans les conférences diplomatiques, genre de communications auquel M. de Talleyrand était fort employé, comme on le verra tout à l'heure. On déployait de l'esprit, de la finesse, de la grâce; on voyait les hommes de génie de l'Allemagne, Goethe, Wieland, venus avec leurs augustes protecteurs, les princes de Weimar, se mêler aux rois, ministres et généraux. C'est là qu'on allait chercher à deviner ce qu'on ne pouvait pas savoir, à surprendre dans un mot échappé quelque grande pensée politique ou militaire.



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