12, rue Meckert by Daeninckx Didier

12, rue Meckert by Daeninckx Didier

Auteur:Daeninckx, Didier [Daeninckx, Didier]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier, Littérature française
Éditeur: La Gang©
Publié: 2003-05-21T22:00:00+00:00


12

Il tombait des cordes quand je suis sorti de l’immeuble industriel. À l’abri sous la voûte du passage, j’ai attendu que la cabine téléphonique du square Trousseau se libère de deux lycéennes bavardes pour me faufiler entre les voitures agglutinées. Ça puait le chien mouillé dans la guérite de verre. Éléonore grimpait des étages vers Nation, m’a confié Bernard Rolle sur le ton du secret. Il a bien voulu prendre un message, mais il a fallu que je subisse la vanne expresse du jour en échange : une fille demande à sa copine : « Tu fumes après l’amour ? », et l’autre de lui répondre : « Je ne sais pas, je n’ai jamais regardé. »

Après avoir raccroché, j’ai filé droit sur un bazar turc qui vendait des parapluies à ouverture automatique made in Taïwan. À vingt francs l’unité, le miracle n’était pas tant qu’ils fonctionnent, mais plutôt dans le fait que tout un circuit planétaire trouvait son compte dans les deux pièces bicolores que j’ai tendues au boutiquier. Protégé par mon petit ciel noir portatif, j’ai contourné la Bastille et emprunté le parcours revendicatif traditionnel jusqu’à République. J’ai longé la façade imposante de l’ancienne caserne du Prince-Eugène devant laquelle se dressait une barricade que Maxime Lisbonne, mon glorieux homonyme, défendit jusqu’à ce qu’une balle versaillaise lui broie la jambe à quinze heures précises, le 25 mai 1871. Le rideau de fer de l’ex-Comptoir africain des aromates était baissé. Pas le moindre filet de lumière ne filtrait des fenêtres du premier étage. Cinq lettres blanches se détachaient sur le fond bleu de la languette plastique récemment collée sur la boîte aux lettres : SODIC. Un sigle que j’ai méticuleusement épelé, juste après le bip du répondeur de Dan Quang, dès que j’ai pu trouver un publiphone inhabité.

J’avais donné rendez-vous à Éléonore dans le tabac de la place Nadaud, et de là on a remonté la rue Boyer jusqu’à La Maroquinerie. Nous nous sommes fondus dans la foule compacte qui se pressait sous les laborieux symboles de l’utopie ouvrière et paysanne. Le flot s’est lentement écoulé vers la vaste salle en sous-sol où Serge Utgé-Royo donnait un récital de contre-chants.

Je crie pour me défendre :



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