034 - On t'enverra du monde (1959) by San-Antonio

034 - On t'enverra du monde (1959) by San-Antonio

Auteur:San-Antonio [San-Antonio]
La langue: fra
Format: epub
Tags: San-A
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


Je m’abstiens de pousser les exclamations qu’elle serait en droit d’attendre de moi. Mon attention est consacrée exclusivement à un article sur Loveme. On le voit, débarquant à Paris pour tourner les séquences de L’Entrée du choléra à Marseille. Il est sur le quai de la gare Saint-Lago grandes lignes, avec sa femme, son secrétaire, la nurse, ses valoches, son Oscar sous cellophane et son rejeton dans ses bras. Y a que devant les flash des photographes de presse qu’il se sent la fibre paternelle, le beau Fred. Il montre son lardon au peuple, comme s'il avait une dynastie à assumer. Les hommes, plus ils ont un grand nom, plus ils sont fiérots de leurs chiares. Ils s’imaginent que leurs mouflets vont, non seulement perpétuer leur gloire, mais encore la redorer à l’or fin... Utopistes ! Vous remarquerez que les descendants sont vraiment descendants. Sauf de rares exceptions. Un fils d’homme célèbre c’est un coucou qui niche dans la gloire du father. Il utilise les cartes de visite à son dabe pour faire ouvrir les portes. Tout ce qu’il fait, c’est toucher des jetons de présence. Il vit de la société Papa sans trop se cailler le raisin.

Je vous parie le chapiteau d’Amar contre un chapiteau corinthien qu’après la rafale de magnésium il a refilé le petit Jimmy à la Suissesse, vite fait, Loveme, avant que l’enfant du miracle ne pisse sur son beau costar.

Je m’aperçois que depuis un instant je ne parle plus. C’est mauvais de laisser refroidir les conquêtes. Une femme de sous-brigadier, ça doit se tenir au chaud comme un fer à souder.

— Quel est votre prénom ? je demande langoureusement.

— Virginie !

— Merveilleux !

— Vous trouvez ? Mon mari dit que ça fait cuisinière...

— Il n’y connaît rien. C’est un prénom dont on aime se repaître... Je voudrais vous le susurrer à ma façon...

— C’est quoi, votre façon ?

— Une bonne façon. Mais je peux pas vous montrer en public, y a des mineurs dans la salle et, systématiquement, je suis interdit aux moins de seize ans.

Le moment est venu de lui placer ma botte secrète. C’est toujours à l’arraché qu’on emballe les frangines.

— Il n’y a pas des moments où vos contemporains vous puent au nez, Eulalie ?

— Virginie ! rectifia-t-elle.

— Ma question reste valable...

— Oui, c’est vrai... Je trouve les gens fatigants, dit-elle. Ils sont si méchants...

Air connu, formule brevetée par Fernand Raynaud.

— Si vous vouliez, hasardé-je, nous pourrions aller faire une cure d’isolement dans un studio que je connais à quatre pas d’ici, rue Corneille.

— Vous croyez que c’est sérieux ?

Je n’ai encore jamais dégauchi une seule dame qui, en pareille circonstance, ne m’ait pas fait cette objection.

— Non, avoué-je, courageusement. Ce n’est pas sérieux du tout, mais c’est follement distrayant...

— Je suis une honnête femme !

— Je l’espère bien, sinon il y a belle lurette que votre mari vous aurait arrêtée. On y va ?

J’intercepte le garçon, je paie nos consommations et me lève. Elle roule son Ciné-Alcôve (tous les dessous du



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