027 - J’ai peur des mouches by Dard Frédéric

027 - J’ai peur des mouches by Dard Frédéric

Auteur:Dard, Frédéric [San-Antonio]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
ISBN: 9782265091320
Éditeur: Fleuve Noir
Publié: 1957-11-05T23:00:00+00:00


CHAPITRE IX

Dans lequel je me demande si la mort vaut le coup d’être vécue !

Première chose à faire, San-Antonio : assurer l’explosion de cette usine de mort !

Cette phrase, je me la répète obstinément. Maintenant que je suis dans les lieux, je n’ai plus le droit d’échouer ! Je dois placer mes deux cartouches. Ensuite ça n’aura plus d’importance que je sois surpris.

Je traverse l’allée éclairée et je vais au pavillon que Larieux m’a indiqué et qui, d’après lui, serait le point névralgique, le haut lieu de ce mauvais lieu !

À l’autre bout de l’allée, j’aperçois les gardes qui rentrent avec l’échelle. Cette fausse alerte les a mis de bonne humeur. Ils la commentent avec allégresse. Dans une guitoune, à gauche de la lourde, l’un d’eux téléphone ; je pense qu’il rassure les savants.

Je regarde le mur du pavillon et je constate qu’il comporte à hauteur d’homme des bouches d’aération. Voilà qui est parfait, car ce sont des réceptacles rêvés pour les fameuses cartouches. J’en arme une et la règle pour qu’elle explose dans une heure.

Ensuite je cavale à l’autre extrémité du groupe de pavillons et je place ma seconde cartouche de la même manière. Maintenant je peux crier très haut : « Mission remplie ! » Qu’on m’arrête, qu’on m’écartèle, je m’en moque… C’est fini… Tout va partir dans les nuages. Ils pourront toujours numéroter leurs virus…

Je sue comme un soutier en plein effort. La sueur dégouline sur ma figure comme l’eau coulant sur les parois d’un urinoir.

Je respire très péniblement maintenant. Il me semble qu’une main de fer, immense, m’emprisonne la poitrine… Elle se crispe sur mes éponges… J’ai les tempes battantes… Une nausée morale me triture la brioche.

Je statue sur la conduite à adopter. Que faire ? Essayer de sortir ? À quoi bon ? Pour aller canner dans les marais si je réussis ? Non, j’aime autant sauter avec la baraque. Au moins je serai aux premières loges pour juger de l’efficacité des explosifs. Finir dans un feu d’artifice qu’on a déclenché soi-même, n’est-ce pas exaltant, au fond ?

Quelques minutes passent. Mon immobilité accroît mon mal… Alors je pense à la promesse fallacieuse que j’ai faite à Larieux. Je lui promets depuis trois jours de lui rapporter sa guérison ! Bon Dieu, je croyais le bidonner sinistrement, mais dans le fond, je suis une crêpe ! La guérison est là, à portée de la main… Elle doit reposer aux côtés de la mort : l’une veillant l’autre !

Ah ! ce sacré espoir des hommes ! Cette farouche obstination à vivre coûte que coûte !

Je monte l’antenne de mon appareil… Au moins annoncer la nouvelle à Larieux. Pourvu qu’il soit en état de me parler…

Je susurre, dans l’émetteur :

— Allô ! Larieux ! Allô !

Et sa voix chétive, ruinée, malade, se fait entendre.

— Ah ! enfin… Alors ?

— Alors ça y est, gars, je suis dans la place…

Une silhouette surgit sur la droite, vite je coupe le contact et me plaque contre le mur. Par veine, le garde qui fait sa ronde ne passe pas dans l’allée où je me trouve.



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