02 Frédégonde by Les Reines de France

02 Frédégonde by Les Reines de France

Auteur:Les Reines de France [France, Les Reines de]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Pygmalion
Publié: 2014-05-26T22:00:00+00:00


VII

La sorcière de Neustrie

Tout à des préparatifs faussement fiévreux en vue d’un possible conflit déclenché par Gontran et Childebert visant à reprendre Paris et l’Île-de-France, Chilpéric, d’ordinaire méfiant et prudent quand il s’agissait de sa sécurité, ne s’inquiétait pas, ce printemps-là, d’une menace éventuelle contre lui. Tous ceux qui, dans le passé, avaient envisagé de s’en prendre à sa vie avaient été éliminés, avertissement salutaire. Depuis la mort de Mérovée, Clovis et Audowère, et l’exil de Prétextat, le roi croyait le danger conjuré ; l’Austrasie, que Frédégonde suspectait à raison d’avoir poussé ses proches à des attentats inconsidérés, ne disposait plus en Neustrie d’aigris rancuniers prêts à passer à l’acte. Sa femme l’avait même poussé à écarter de son entourage certains leudes et notables jadis proches de Sigebert dont les ralliements lui paraissaient suspects. Il se félicitait d’avoir suivi ses conseils.

Faute d’agents déjà dans la place, il faudrait recourir à des assassins venus de l’extérieur ; or les frontières étaient gardées, les gens en provenance de Burgondie et d’Austrasie surveillés.

Plus rationnel et moins passionné que sa femme, Chilpéric ne croyait guère qu’on eût assassiné les enfants de son deuxième lit ; il avait condamné Clovis pour d’autres motifs, politiques, des complots, des compromissions louches avec les royaumes voisins et ennemis, pas pour avoir administré un hypothétique poison à ses demi-frères. Les petits, hélas, étaient morts de mort naturelle, comme tant d’autres… Et si personne n’avait hâté la disparition des héritiers du trône, pourquoi voudrait-on maintenant hâter celle de leur père ? L’héritage n’était-il pas, apparemment, garanti aux Austrasiens ? Ils n’avaient qu’à attendre.

Frédégonde se fût-elle trouvée près de son époux, peut-être lui eût-elle fait remarquer les failles de ce raisonnement. À la différence de Gontran, qui avait adopté officiellement Childebert, se mettant à l’abri d’un mauvais coup, Chilpéric n’avait jamais donné suite aux approches austrasiennes ; il n’était pas prêt à reconnaître son neveu comme son seul héritier.

Certes, la reine Brunehilde pensait Frédégonde trop vieille pour mettre encore des enfants au monde, mais rien n’empêchait Chilpéric de prendre une ou des concubines, voire de se remarier, et d’engendrer, avec d’accortes jeunesses, une douzaine de princes. Et dans ce cas, adieu la couronne de Neustrie ! C’était donc précisément en ce moment de deuil, de déréliction, d’hésitation, qu’il convenait de frapper, pendant ce laps de temps, peut-être bref, où Chilpéric n’avait plus de fils. S’il disparaissait maintenant, Childebert raflait tout. Cela, Frédégonde l’eût compris.

Mais Frédégonde se trouvait à Vitry, fatiguée, sur le point d’accoucher et, contrairement à ses habitudes, très en retrait des affaires de l’État. Elle ne mit pas son mari en garde, et elle n’intervint pas non plus dans une question qui pourtant la touchait de très près : les noces de Rigonthe.

L’Espagne en pressait l’accomplissement et exigeait du roi qu’il tînt ses promesses et livrât la princesse aux ambassadeurs, partis de Tolède aux premiers jours du printemps. Que la jeune fille fût redevenue, du fait de la mort de son frère, l’héritière du trône, n’intéressait pas les Espagnols.

Léovigild



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