016 - Messieurs les hommes (1955) by San-Antonio

016 - Messieurs les hommes (1955) by San-Antonio

Auteur:San-Antonio [San-Antonio]
La langue: fra
Format: epub
Tags: San-A
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


CHAPITRE IX

Quand je m’éveille, il y a un Durand du tonnerre dans la piaule. Ses rayons viennent caresser ma terrine et ce sont eux qui m’ont tiré du cirage.

Je me mets sur mon séant avec la bouche aussi pâteuse que si j’avais léché la route de Paris à Chartres. M’est avis qu’une tasse de jus me fera du bien. Si, en plus, je peux m’offrir une douche, alors ça sera le fin des fins, le grand rebecquetage maison !

Je passe mon futal et je me propulse à l’extérieur. Pantaroli est assis à la cuisine occupé à beurrer une tartine longue comme un tapis roulant. Devant lui un bol de café répand une odeur réconfortante.

— Salut, mec, murmure-t-il.

— Bono, dis-je, t’as usiné le caoua ?

— Fallait bien, puisque cette grosse gonflé dé Nonœil n’est plus là...

Il paraît revenu à de meilleurs sentiments à mon égard. Je me sers un petit déjeuner copieux. Ensuite je demande au Rital s’il y a moyen de prendre une douche.

Il hausse les épaules.

— Tou té réfouses rien, déclare-t-il. Il y a une salle dé bains ma pas d’eau caldo...

— M’en fous, je la veux froide, ma douche...

— T’as la migraine ?

— Un peu, mon neveu... C’est la séance de cette nuit, ça me tourne un peu le raisin...

— T’as ouné pétite natoure...

— Possible...

Il m’indique la salle de bains. J’y vais, je me fous à loilpé et je fais pleuvoir sur ma géographie... C’est bon. Ça vous remet les idées en place les unes après les autres. Après ce petit exercice je me sens tout à fait bien.

Tandis que je me sèche, je perçois une sonnerie téléphonique dans la pièce voisine. Le grelot tremble un bon moment, enfin quelqu’un décroche. La voix méfiante de Paul murmure :

— Allô !

C’est marrant, mais, grâce à la tuyauterie qui accroît l’acoustique, j’entends tout ce qu’il bonnit.

— Ah ! C’est vous, fait le Pourri. Quoi ? Vous étiez inquiet ? Bien sûr, mais on n’a pas pu vous appeler, ici faut passer par l’inter, ç’aurait pas été prudent... Maintenant ça marche, enfin, ça a l’air, mais on a eu chaud aux plumes... Oh ! une c...

Il rit.

— Le plus marrant, c’est que c’est le poulet qui l’a faite. J’avais oublié de lui passer la carte grise, il s’est fait stopper par un agent, sans doute, n’a-t-il pas de carte professionnelle sur lui... Pour s’en sortir, il a billé sur le collègue...

Si vous pouviez me voir, les mecs, vous rigoleriez cinq minutes Je suis à poil au milieu de la salle de bains, l’oreille tendue comme une main d’aveugle, la bouche ouverte de stupéfaction. Ce que j’apprends me foudroie. Paul est au courant de mon identité ! Là alors j’en suis comme mille francs de flan ! C’est proprement impensable ! Ces truands se livrent à un kidnapping. Ils butent des flics, tout ça devant moi, en sachant que j’appartiens à la maison parapluie ! Non ! y a qu’à moi que ça arrive, ces choses-là. J’en suis tellement baba que je ne perçois plus le reste de la conversation.



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