[Les chroniques de l'Ère du Verseau-1] Les lois de l'ORGA by Adam Saint-Moore

[Les chroniques de l'Ère du Verseau-1] Les lois de l'ORGA by Adam Saint-Moore

Auteur:Adam,Saint-Moore [Adam,Saint-Moore]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Sience-Fiction
Éditeur: Fleuve Noir Anticipation
Publié: 2013-10-15T10:05:28+00:00


CHAPITRE VIII

Le ciel était aveuglant au-dessus de l’arène. Pas un souffle de vent ne passait sur les gradins et le sable surchauffé.

Pendant qu’ils attendaient dans le vestibule souterrain qui conduisait au jour libre, les deux lutteurs entendaient, venant du dehors, la rumeur confuse de la foule qui leur parvenait comme celle d’une mer invisible. Une sorte de sourde excitation saisissait toujours la foule des Etis le dernier jour des Jeux Anciens, le jour où la finale avait lieu. Ils paraissaient sortir de l’espèce de torpeur dans laquelle ils végétaient toute l’année. Ce jour-là, à midi, c’était comme la grande fête de leur Espèce asservie. Les deux champions qui s’affrontaient devenaient comme les symboles de leur gloire ancienne perdue.

Les Organisatrices des Jeux le savaient et faisaient doubler le service d’ordre ce jour-là. Il y avait deux fois plus de Noires sur les gradins et dans les postes de surveillance. Et, à toutes fins utiles, on plaçait une section d’archères d’élite près de la Loge de la MatOr.

Le gong géant sonna au sommet de la pyramide. Les deux grilles qui donnaient sur l’arène s’ouvrirent. La Maîtresse des Jeux, qui présidait à l’Organisation, s’avança vers les deux Hommes. Elle tenait une canne d’or surmontée d’une tête de bélier.

— Allez ! dit-elle. Et n’oubliez pas que si vous faites preuve de lâcheté et que vous refusez de vous battre, les archères vous abattront !

Elle les précéda dans l’arène. Les deux Hommes clignèrent des yeux dans le soleil. Une énorme clameur monta, assourdissante. L’air tout entier paraissait vibrer.

En levant la tête, Kerval voyait la multitude immense empilée sur les gradins. Sur sa droite, il voyait la Loge de la MatOr avec la tache pourpre des voiles au sommet de l’estrade. Il se dit que Goveka était sans doute là et qu’elle le regardait.

Il se retourna et fit face à Pako qui attendait, planté comme un bloc de granit, à la droite de la Maîtresse des Jeux. Celle-ci leva sa canne et le silence se fit instantanément. Tel était le dressage et l’autorité des Matriarches sur l’Espèce des Etis ! Alors, la Maîtresse des Jeux traça une ligne sur le sable avec l’extrémité de sa canne et dit :

— Vous pourrez tuer dès que l’un de vous aura franchi cette ligne.

Tuer était l’acte interdit, le plus grand crime après le Crime contre l’Espèce, c’est-à-dire l’union sexuelle avec un membre de l’Espèce Supérieure. Tout le dressage dans les Élevages avait pour but et finalité de former des Etis incapables de tuer, en qui la tendance au meurtre était profondément inhibée. Tuer était interdit comme était interdit de regarder une Matriarche avec concupiscence. Mais les Jeux permettaient la transgression du Tabou du Sang.

La Maîtresse des Jeux se retira. Seuls face à face dans l’énorme silence qui pesait sur l’arène, les deux Hommes se regardaient. Puis, délibérément, Kerval franchit la ligne. Pako sourit de sa bouche écrasée.

— Tu veux me tuer, hein ?

— Oui, dit Kerval.

— Moi aussi, je veux te tuer, dit le colosse dont le pelage sombre brillait au soleil.



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