Zyte by Malot Hector

Zyte by Malot Hector

Auteur:Malot, Hector [Malot, Hector]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2013-02-26T15:20:32+00:00


Et vobis placeant ante omnia sylvae.

– Que nous dit donc M. Crozat ? demanda Zyte, lorsqu’ils furent dans la rue.

– Je vous avoue que je ne suis pas très fort en latin, mais je crois qu’il fait des souhaits pour que nous nous plaisions surtout dans les forêts.

VII

Ces promenades se continuèrent, sinon tous les jours, comme Gaston l’eût voulu, au moins une fois par semaine régulièrement.

On avait donné à Zyte les rôles de Chimène et de Zaïre pour la continuation de ses débuts dans le classique ; plusieurs fois elle avait eu à dire des vers dans des soirées où l’engouement du succès l’avait fait inviter dans des maisons qui cherchaient la nouveauté, et c’étaient là des excuses suffisantes pour que Gaston ne s’en fâchât point : il fallait qu’elle travaillât.

Mais d’autre part, comme les voyages qu’elle faisait les lundis (jour où elle ne jouait point), pour aller voir ses parents à Noisy, avaient cessé, quand le grand théâtre Duchatellier, quittant les environs de Paris, s’était enfoncé en pleine Brie, dans des villages où les chemins de fer ne conduisent point, elle n’avait pas pu refuser ce jour à Gaston, qui le lui avait demandé pour leurs promenades : puisqu’elle pouvait bien aller à Noisy, elle pouvait bien aussi aller ailleurs.

Sans doute les raisons ne lui auraient pas manqué pour justifier un refus, mais comment aurait-elle eu la force de les lui donner en face, quand elle ne l’avait pas de se les donner à elle-même ?

Évidemment, ces courses en tête à tête dans les bois sortaient des usages ordinaires ; mais enfin, malgré les apparences, elles n’étaient pas du tout ce qu’on pouvait supposer et soupçonner. N’était-il pas le plus discret et le plus réservé des hommes ? Il l’aimait ! Elle le savait bien ; mais puisqu’il ne disait pas un mot de son amour, ce n’était pas à elle de commencer à en parler, et ce serait commencer que de refuser : « Nous ne pouvons pas sortir ensemble... parce que vous m’aimez. » La leçon du bracelet avait porté : la preuve qu’elle était une honnête fille était faite, et depuis ce jour il l’avait traitée, il la traitait en honnête fille. Par pusillanimité, par bégueulerie devait-elle s’exposer à le fâcher, et en même temps renoncer à ces promenades qui la rendaient si heureuse qu’elle ne désirait pas, qu’elle n’imaginait pas de bonheur plus grand. L’angoisse qui l’avait anéantie le soir où, après le renvoi du bracelet il n’était pas venu au théâtre suffisait ; elle n’allait pas courir le risque d’une nouvelle aventure tout aussi cruelle. Puisque les choses marchaient bien ainsi, pourquoi ne continueraient-elles pas ? Ne peut-on pas taire son amour, quand on sait que son aveu mènera sûrement à une rupture ? Si elle en jugeait par elle-même, il y avait assez de joies dans ces promenades pour tout leur sacrifier. Et puisqu’il s’était tu à Meudon, alors qu’il lui était si facile de parler et qu’elle semblait elle-même l’y pousser, tant était grands l’enivrement et l’engourdissement de son bonheur, il continuerait à se taire.



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