Young Lady: Romance historique régence (Regence ladies) (French Edition) by Lova Lloyd

Auteur:Lova Lloyd [Lloyd, Lova]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: HEA
Publié: 2024-02-14T00:00:00+00:00

17

GEORGE

Le moment du départ avait sonné. Le navire qui devait transporter George allait appareiller. Il aurait aimé éviter d’avoir à vivre des au revoir déchirants sur le port, mais sa fille avait tenu à l’accompagner jusqu’à son vaisseau et il n’avait su lui résister.

Sur le port mouillaient galiotes, caravelles et galions. Leurs coques se reflétaient sur l’eau opaque. George savait que c’était la première fois que Louisa voyait autant de bateaux, de mâts, d’échafaudages de ponts et d’entreponts desquels pointaient de rutilants canons. Il lui accorda ce plaisir.

Elizabeth était là, elle aussi. Son visage était sombre, son pas lourd. Elle ne prononçait pas un mot. Ce silence était douloureux pour le comte qui aurait préféré recevoir la bénédiction de sa femme. Toutefois, il comprenait son désaveu et ne pouvait lui reprocher de manquer de sincérité. Elle était authentique.

George, Elizabeth et Louisa se frayèrent un passage à travers la foule de marchands, de passagers et de badauds, curieux d’assister au départ de l’embarcation.

Avant d’emprunter la passerelle qui conduisait au pont, lord Winchilsea souleva son enfant et la serra fort contre son cœur.

— Vous me jurez de revenir bientôt ? sanglota la fillette en posant sa petite tête sur l’épaule paternelle.

— Dès que je le pourrai, mon trésor. Je vais botter les fesses de tous ces Français et leur montrer ce que vaut la flotte britannique.

Louisa redressa sa tête. Ses yeux se remplirent de malice et son visage poupin se para d’un sourire en coin.

— Oh, Père, ne soyez pas vulgaire, s’esclaffa l’enfant.

— C’était pour t’arracher un sourire, ma grande, et j’ai réussi.

Sur ces mots, un sourire joua sur les lèvres d’Elizabeth.

— Milord sera le héros d’une bataille navale mémorable, gloussa-t-elle.

La figure de George s’éclaira. Cette pique aurait dû le froisser. Pourtant, elle lui fit plus chaud au cœur que tous les compliments.

Elle était tellement elle.

Elizabeth.

Il prit le risque de lui adresser une parole gentille.

— Vous me manquerez aussi, Milady. J’ignore si j’aurai parmi mes camarades soldats quelqu’un doté d’une langue aussi acerbe que la vôtre.

Elizabeth rougit et papillonna des cils.

— Et si je vous écrivais des lettres ?

— Ce serait une merveilleuse idée. Il me tarde de lire votre prose pleine de fiel et de piment. Ne me décevez pas sur ce chapitre.

Les yeux de la jeune comtesse pétillèrent diaboliquement.

— Je ferai de mon mieux pour être méchante.

— Et moi ? intervint Louisa. Je pourrai vous envoyer des dessins ?

George déposa la demoiselle sur la terre ferme.

— Tout ce que tu voudras, ma biche. En tout cas, je penserai à vous deux. Sur ce, le devoir m’appelle.

Il enlaça une dernière fois sa fille, se tourna vers son épouse, et baisa galamment le bout des doigts d’Elizabeth. Il la sentit frémir à son contact et hésita à poser ses lèvres sur sa joue.

— Pourquoi ne l’embrassez-vous pas ? l’interrogea Louisa.

Son visage s’embrasa. Il médita une seconde, mais à l’instant où il avait résolu de répondre à la demande de sa fille, il entendit le capitaine du navire tonner.

— On va lever l’ancre ! Tous les voyageurs à quai doivent monter ! Ceci est l’avertissement ultime avant de prendre le large.

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