Voyages en France 1787, 1788, 1789 by Histoire

Voyages en France 1787, 1788, 1789 by Histoire

Auteur:Histoire [Histoire]
La langue: fra
Format: epub
Tags: France -- Description and travel, France -- History -- Revolution, 1789-1799, Agriculture -- France -- History -- 18th century
Publié: 2005-04-04T22:00:00+00:00


M. Rabaud-Saint-Étienne, protestant du Languedoc; auteur, lui aussi, d'écrits sur les affaires présentes, homme de talent considérable, parla à son tour pour émettre les propositions: que l'on se proclamât les représentants du peuple de France, que les impôts fussent déclarés nuls, qu'on les accordât seulement pour la durée de la session des états; que la dette fût vérifiée et consolidée et un emprunt voté. Ce qui fut fort approuvé, sauf l'emprunt que l'assemblée rejeta avec répugnance. Ce député parle avec clarté et précision, et ne s'aide de ses notes que par intervalles. M. Barnave, un tout jeune homme, de Grenoble, improvisa avec beaucoup de chaleur et d'animation; quelques-unes de ses phrases furent d'un rythme si heureux, et il les prononça de façon si éloquente, qu'il en reçut beaucoup d'applaudissements; plusieurs membres crièrent bravo! Quant à leur manière générale de procéder, elle pèche en deux endroits: on permet aux spectateurs des tribunes de se mêler aux débats par leurs applaudissements et d'autres expressions bruyantes d'approbation, ce qui est d'une grossière inconvenance, et a même son danger; car s'ils peuvent exprimer leur approbation, ils peuvent en conséquence exprimer leur déplaisir, c'est-à-dire siffler, aussi bien que battre des mains; ce qui, dit-on, s'est produit plusieurs fois: de la sorte ils domineraient les débats et influenceraient la délibération. En second lieu, il n'y a pas d'ordre parmi les députés eux-mêmes; il y a eu plus d'une fois aujourd'hui une centaine des membres debout à la fois, sans que M. Baillie (Bailly) pût les ramener à l'ordre. Cela dépend beaucoup de ce qu'on admet des motions complexes; parler dans une même proposition de leur titre, de leurs pouvoirs, de l'impôt, d'un emprunt, etc., etc., paraîtrait absurde à des oreilles anglaises, et l'est en effet. Des motions spéciales fondées sur des propositions simples, isolées, peuvent seules produire de l'ordre dans les débats, car on n'en finit pas lorsque 500 membres viennent tous motiver leur approbation sur un point, leur dissentiment sur un autre. Une assemblée délibérante ne devrait procéder aux affaires qu'après avoir établi les règles et l'ordre à suivre dans ses séances, ce qu'on fera seulement en prenant le règlement d'autres assemblées expérimentées, en confirmant ce que l'on y trouve d'utile, en modifiant le reste selon les circonstances. Comme je pris ensuite la liberté de le dire à M. Rabaud-Saint-Etienne, on aurait pu prendre dans le livre de M. Hatsel le règlement de la Chambre des communes, on aurait ainsi épargné un quart du temps. On leva la séance pour le dîner. Nous dînâmes nous-mêmes chez M. le duc de Liancourt, au Palais, où se trouvèrent 20 députés. J'étais à côté de M. Rabaud-Saint- Etienne, et j'eus avec lui une longue conversation; tous parlent avec une égale confiance de la chute du despotisme. Ils prévoient bien que l'on fera des tentatives très pernicieuses contre la liberté, mais ils croient l'excitation de l'esprit populaire trop grande maintenant pour pouvoir être domptée désormais. En voyant que le débat actuel ne pouvait arriver aujourd'hui à une conclusion, que



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