Une scandaleuse supercherie by Lynn Messina

Auteur:Lynn Messina [Messina, Lynn]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier historique, Littérature américaine
Éditeur: Les Escales
Publié: 2022-05-12T00:00:00+00:00

7

Si l’expérience de Bea en matière d’obtention d’aveux se limitait à un seul cas dans lequel l’assassin avait ouvertement reconnu les faits sans attendre qu’on le désigne, la jeune femme fut néanmoins certaine que la soudaine pâleur du visage de Lord Duncan était synonyme de culpabilité.

Il n’y avait aucun doute : ce jeune homme avait commis un méfait et il était effrayé à l’idée qu’on le découvrît. Ses yeux, d’un marron profond et un peu trop larges pour son visage étroit, s’écarquillèrent comme des soucoupes et il balaya la terrasse du regard, passant de Bea à Kesgrave aux messieurs qui parlaient de Liverpool près de la porte-fenêtre, avant de revenir à Bea.

Il évaluait la situation, se dit Bea, pour tenter de savoir s’il devait prendre ses jambes à son cou et disparaître dans la salle de bal ou jouer la carte du culot et faire face.

Non, il ne jouerait pas la carte du culot, songea-t-elle. Il n’y avait rien de culotté ni de téméraire chez le jeune homme se tenant devant elle, tremblant de peur.

Privé aussi bien de l’assurance que de l’insouciance de Lady Abercrombie, il n’était qu’un jeune adulte de 20 ans, terrorisé. Bea ne prit aucunement plaisir devant ce spectacle, car il lui était impossible de le regarder sans être touchée par sa détresse.

Et pourtant, ladite détresse résultait directement d’une situation qu’il avait lui-même créée. Personne ne l’avait poussé à brandir une dague et ôter la vie à son parrain. L’affaire semblait très simple à Bea : si l’on ne voulait pas faire face sur une terrasse durant le premier bal de la saison aux actes maléfiques que l’on avait commis, eh bien, on n’avait qu’à s’abstenir de commettre de tels actes.

Cette logique était immuable, et un minimum de décence suffisait pour la mettre en pratique : ne pas tuer.

Bien qu’elle ait décidé de ne plus rien dire jusqu’à ce que Duncan réagisse à l’accusation portée contre lui, Bea commença à se demander si cette résolution n’était pas futile. Plus le silence s’étirait, plus l’appréhension du jeune homme s’intensifiait. Au point que Bea n’aurait pas été surprise s’il s’était évanoui à ses pieds.

Ce qui ne les avancerait à rien, car s’il était inconscient elle n’obtiendrait de sa part aucune information utile.

Très bien. Elle parlerait.

« Lord Duncan, je vous en prie, il faut vous calmer. Respirez plusieurs fois profondément, dit-elle d’un ton sec. Votre panique excessive n’arrange en rien votre situation ; cela ne fait que me convaincre davantage de votre culpabilité. Donc, reprenez-vous et expliquez-nous ce qui s’est passé avec Lord Fazeley. »

Opinant frénétiquement du chef, Lord Duncan inspira durant plusieurs secondes avant d’expirer tout aussi longuement. À chaque respiration sa figure reprenait un peu plus de couleur.

« Voilà, fit Bea, rassurante. Ne vous sentez-vous pas déjà mieux ? »

Certes, il ne semblait plus sur le point de s’écrouler par terre faute d’air, mais les mouvements incessants de sa tête présentaient un nouveau risque, et elle dut lui demander d’arrêter. « Vous rendez la chose plus compliquée qu’elle ne l’est déjà, Lord Duncan », fit-elle avec impatience.

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