Une Assemblée De Chacals by S. Craig Zahler

Auteur:S. Craig Zahler [Zahler, S. Craig]
La langue: fra
Format: epub
Tags: 2018-01-02T12:18:51.078000-04:00 JF
Éditeur: Gallmeister
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

23

Planter les graines du futur

WILFREDA égrena une mélodie ambulatoire devant les hôtes de la salle de bal. Dicky attira Tara Taylor contre lui ; il laissa son souffle réchauffer le côté de son cou tandis qu’ils exécutaient une simple figure à trois pas.

— Juste ciel, dit la femme rousse, une rougeur cramoisie envahissant ses joues, son nez et son front.

Dicky posa la paume de sa main sur le satin qui recouvrait ses hanches.

— Puis-je ? demanda-t-il.

— C’est déjà fait.

— C’est vrai, dit Dicky, en hochant la tête.

Il appuya un peu plus fort sur la courbe charnue de sa hanche ; elle déglutit, la gorge sèche. Le bout de ses doigts sensibles pouvait deviner la couture de ses sous-vêtements sous sa robe. Il ne la quittait pas des yeux.

Chaque fois que le beau New-Yorkais s’attaquait à une femme timide (Tara Taylor en était une, même si elle n’était pas aussi effacée que la fille de Godfrey), il se conduisait toujours comme ce soir-là – il procédait à un léger contact physique et, ensuite, demandait si ce qu’il avait fait était convenable. Il était plus difficile pour une femme timide comme Tara de repousser sa main sur sa hanche alors qu’elle la sentait déjà, chaude, ferme et suggestive à cet endroit-là. Dicky aimait (énormément) convaincre des femmes de faire des choses qu’elles ne feraient habituellement pas, mais il n’aimait pas du tout copuler avec une femme pleine de remords. Au moment où il pénétrait sa compagne, elle devait avoir l’impression de recevoir un présent rare d’une grande valeur.

Il se pencha davantage. Les pas de Tara furent l’espace d’un instant en retard sur la musique.

Dans un souffle chaud, moite, qu’il alla chercher au fond de ses poumons, Dicky murmura dans la petite oreille de la femme :

— Vous êtes une merveilleuse danseuse.

Il laissa sa joue rasée de près effleurer les siennes en se reculant. Le contact fugace la fit frissonner.

— Merci, dit-elle doucement.

— James m’a dit que les femmes de Trailspur méritaient le détour.

Il lui jeta un tel regard qu’il n’eut pas besoin de terminer sa déclaration avec des mots. Une rougeur envahit ses joues pour la trente-septième fois en deux heures.

Wilfreda accentua ses accords ; l’air s’épaissit de fumée de cigare ; Dicky se rapprocha de Tara. Elle regardait au loin, songeuse. Elle voulait lui dire quelque chose, quelque chose qu’elle avait déjà failli dire à deux reprises. Devant l’effort qu’elle déployait pour prononcer ces mots, Dicky savait qu’il ne voulait pas les entendre.

— Ma cousine est allée avec un homme de l’Est. De Boston.

— Ah bon ?

— Oui. Il était italien. Il vous ressemblait un peu. Il parlait comme vous et il était… il était sûr de lui, comme vous.

Il était évident qu’elle voulait qu’il lui demande comment l’aventure s’était terminée, mais il ne lui fit pas ce plaisir. Il savait à sa façon de parler de l’Italien que ça ne s’était pas bien passé.

— Il lui a dit des tas de choses, lui a fait des promesses et a disparu comme ça.

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