Un pas après l'autre by Fanny Myjany

Auteur:Fanny Myjany [Fanny Myjany]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2023-04-18T22:00:00+00:00

Chapitre 25

Adèle

Un rouleau de peinture dans une main, je me gratte la nuque de l’autre en faisant attention à ne pas faire de gestes brusques pour ne pas réveiller la douleur de ce matin, admirablement éradiquée par les doigts de Nils.

Je me retourne en entendant des pas dans le vestiaire. Jean troué aux genoux et tee-shirt noir à l’effigie de Nirvana qui date certainement du siècle dernier, le look négligé du baroudeur me laisse sans voix. Il est vraiment beau.

Son sourire moqueur au coin des lèvres, qui semble dire qu’il n’a rien raté de ma contemplation, me ramène à la réalité.

– Alors, l’artiste, on s’y met ? me questionne-t-il en se penchant pour ramasser le second rouleau de peinture que j’ai préparé.

Tandis qu’il me fait face de nouveau, je reprends contenance en arrimant mes yeux aux siens. Il semble plus décontracté que ce matin dans son van, où la tension me semblait être à son comble.

– C’est parti ! Tu commences à droite et moi à gauche ?

– C’est toi la cheffe.

– J’aime quand tu me dis ça ! affirmé-je avec une expression victorieuse.

Nils rit et sa voix rauque me file un frisson. J’ai très envie de lui demander comment s’est passé son rendez-vous avec la mairie pour son local, mais j’ai décidé de ne me poser aucune question. Et ce même si je me surprends à vouloir en savoir toujours plus sur lui.

Alors qu’il fait un pas en direction du mur de droite comme je viens de le lui indiquer, je l’interpelle :

– Tu ne m’avais pas parlé de te servir de tes muscles ? le questionné-je d’un ton provocateur.

Nils se retourne, surpris, et déglutit. Je lui indique d’un regard l’énorme pot de peinture en métal qui trône en haut de l’escabeau et que je n’ai pas descendu sous peine de me retrouver complètement coincée.

– Je suis ravi que tu te souviennes que je parlais de moi, me répond-il avec un sourire canaille.

Je le regarde soulever l’énorme pot comme s’il ne pesait rien, le poser au sol et en ouvrir délicatement le couvercle. Instantanément, l’odeur puissante de la peinture industrielle se répand dans la petite pièce. Sans attendre, je me tourne vers la fenêtre pour aérer. Je l’aide à verser le liquide dans deux récipients pour y tremper nos rouleaux respectifs.

Au moment où je me relève pour le remercier, le bout du sien atterrit sur mon épaule, me laissant une traînée blanche sur la peau. J’ouvre grands les yeux, choquée, et son sourire fait naître le mien.

– J’aime les filles en débardeur et cotte de travail. Mais tatouées, c’est sympa aussi ! me nargue-t-il.

Un clin d’œil plus tard, il se retourne pour attaquer son premier pan de mur, me laissant estomaquée dans mon coin. Je reprends vite de ma superbe tout en me disant que ce petit jeu risque de mal finir si je m’y mets aussi. Pourtant, ce n’est pas l’envie de lui tartiner le visage de peinture blanche qui me manque.

– Tu ne perds rien pour attendre

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