Un palais de cendres et de ruines by Maas Sarah J

Auteur:Maas Sarah J [Maas Sarah J]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782732488813
Éditeur: De la Martinière jeunesse
Publié: 2019-02-06T23:00:00+00:00

Chapitre 34

Amren n’avait repéré ni assassins ni espions d’Hybern pendant sa longue nuit de traque dans les rues de Velaris. Je me demandais comment elle pistait ses proies, comment elle distinguait les amis des ennemis… Au lendemain de cette nuit durant laquelle nous avions à peine fermé l’œil, Mor me raconta que certains habitants teignaient leurs seuils de sang d’agneau. C’était à la fois une offrande, un témoignage de respect et une manière de la tenir à distance. D’autres laissaient des bols de sang devant leur porte.

Comme si chacun dans cette ville savait que le second du Grand Seigneur, cette créature petite et frêle, était le monstre qui les protégeait d’autres horreurs de l’univers.

Rhys avait passé le plus clair de la soirée et de la nuit à rassurer les prêtresses sur leur sécurité en leur montrant les nouvelles défenses. Pour une raison mystérieuse, les sbires d’Hybern avaient épargné celle qui les avait laissés entrer dans la bibliothèque. Elle laissa Rhys sonder son esprit pour y découvrir tout ce qui était arrivé. C’est ainsi que nous apprîmes que, lorsque le roi avait abattu les défenses grâce au sort éphémère, ses corbeaux avaient pris l’apparence de deux vieux érudits afin que la prêtresse leur ouvre la porte de la bibliothèque. Ils étaient entrés dans son esprit afin qu’elle les accueille sans réticence. Cette violence était déjà intolérable… Rhys et Mor avaient passé plusieurs heures auprès des prêtresses afin de leur parler, d’écouter celles qui étaient capables de se confier et de réconforter celles qui ne l’étaient pas.

Et à leur retour… mon âme sœur et sa cousine semblaient réconciliées.

Je savais qu’il nous restait très peu de temps. J’en étais consciente à chaque respiration. Hybern n’allait pas venir : Hybern était déjà là, parmi nous.

Notre conseil avec les autres Grands Seigneurs devait avoir lieu dans une semaine et Nesta refusait toujours de se joindre à nous.

Mais je me répétais que tout allait bien, que nous nous en tirerions, que je m’en tirerais.

Nous n’avions pas le choix.

C’est ainsi que le lendemain matin, dans l’entrée, je regardai Lucien passer son lourd paquetage à son épaule. Il portait une cuirasse illyrienne et, sous une veste plus épaisse que d’habitude, plusieurs couches de vêtements pour l’aider à affronter différents climats. Il avait natté ses cheveux roux et sa tresse barrait son dos au-dessus de l’épée illyrienne fixée par des lanières.

Cassian l’avait laissé puiser dans son arsenal, mais Lucien n’avait pas abusé de cette permission. Il avait choisi, outre l’épée, une dague et un assortiment de poignards. Un arc et un carquois garni de flèches étaient attachés à son sac.

– Savez-vous exactement où Rhys doit vous emmener ? demandai-je.

Il acquiesça en regardant Rhys, qui attendait devant l’entrée. Il devait mener Lucien au bord du continent. Mais il n’irait pas plus loin, Azriel avait insisté sur ce point. Les rapports de ses espions indiquaient que la région était trop surveillée et par conséquent trop dangereuse pour prendre un tel risque, même pour le plus redoutable Grand Seigneur de Prythian.

Je m’avançai et, sans laisser à Lucien le temps de s’écarter, le serrai dans mes bras.

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