Un fric-frac peu catholik by Susan Degeninville

Auteur:Susan Degeninville [Degeninville, Susan]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier, Littérature française
Éditeur: Auto-édition
Publié: 2022-03-27T21:00:00+00:00

8

Je suis dans le bureau du préfet. Depuis que j’ai commencé ma narration, je tente vainement de décrypter le visage énigmatique du préfet, assis derrière son bureau, le torse droit comme un i. Je me suis décidé à lui raconter la visite nocturne ainsi que la disparition des documents que le visiteur avait glissés dans le tiroir de mon bureau. Finalement, je conclus :

— Voilà monsieur le Préfet, je vous ai tout dit. J’ignore totalement qui a pu reprendre ce document dans ma chambre, et quand cela a pu avoir lieu. En effet, je ne me suis aperçu de la disparition du dossier que ce matin quand j’ai voulu le prendre pour voir de quoi il s’agissait. Je dois vous avouer, monsieur le Préfet, qu’en ce qui concerne la première fois, j’ai pensé que c’était vous qui veniez dans ma chambre, mais je me suis sans doute trompé.

La voix du préfet claque comme un coup de tonnerre :

— Non ! Vous ne vous êtes pas trompé. Oui, c’était bien moi, la première fois, je souhaitais mettre à l’abri des papiers importants et je pensais que personne n’irait les chercher jusque dans la chambre que vous occupez, qui plus est, se trouve au deuxième étage.

Le préfet laisse échapper un soupir.

— Enfin, il a eu ce qu’il voulait, peut-être me laissera-t-il en paix à l’avenir, du moins, je l’espère.

Je le regarde, son visage est maintenant totalement transformé, il est crispé par l’inquiétude. C’est un homme anxieux et on pourrait même dire, défait , que j’ai maintenant devant moi, il est tellement éloigné de celui que j’ai rencontré, il y trois semaines, au moment de mon arrivée, que des interrogations me brûlent les lèvres. Mais, après un instant où sans doute, il cherche ce qu’il va me dire, c’est lui qui reprend la parole :

— Allons, mon jeune ami, si vous permettez que je vous appelle ainsi, je vais vous dire ce qu’il en est.

Puis il appelle Maud, sa secrétaire, pour lui signifier qu’il ne doit être dérangé sous aucun prétexte et, après avoir poussé un nouveau soupir à fendre l’âme, il commence son récit :

— Oui, je vais vous parler, les choses seront plus simples, je n’aurais plus peur que vous soyez mis au courant par des personnes étrangères. Cette histoire concerne avant tout mon épouse. J’ignore quelle est votre opinion en ce qui la concerne, mais je pense que comme la plupart des gens, vous la trouvez parfaitement normale, et c’est bien ainsi. À la vérité, Mathilde traverse des moments où elle est prisonnière de sa folie. Ce sont des moments terribles ! Celui qui n’a jamais rencontré la folie chez une personne qu’il aime ne peut pas comprendre. Pendant des années, je suis parvenu à cacher la vérité à tout le monde, et puis c’est devenu de plus en plus difficile, un des infirmiers qui travaillait dans le service psychiatrique où elle a été hospitalisée, il y a deux ans, est originaire de cette région, il est venu me voir, il y a un mois environ, et il m’a demandé de l’argent pour garder le silence.

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