Un État dans l’État by Sophie Coignard

Un État dans l’État by Sophie Coignard

Auteur:Sophie Coignard [Coignard, Sophie]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782226199713
Éditeur: Albin Michel
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


Une démission dans la balance

Pourquoi, alors qu’Henri Proglio figure parmi les patrons bien vus du président Chirac, les supporters de François Roussely s’échinent-ils à téléphoner au Premier ministre, que le Tout-Paris couvre de quolibets pour son absence d’autonomie face à l’Élysée ? Tout simplement parce qu’ils ont compris que l’Élysée ne pouvait pas, ne pouvait plus, trancher seul. Jean-Pierre Raffarin a mis sa démission dans la balance. « J’ai expliqué au président de la République que reconduire François Roussely dans ces conditions s’apparenterait pour moi à un désaveu personnel, qui provoquerait ma démission, raconte Jean-Pierre Raffarin. Je n’ai agi que trois fois ainsi pendant les trois ans que j’ai passés à Matignon. C’était une de ces trois fois. Et je ne le regrette pas6. »

L’Élysée renvoie donc les quémandeurs chez Raffarin. Les démarches, plus ou moins insistantes, se multiplient. Gérard Longuet, un vieux copain de l’épopée giscardienne, fait juste savoir que la solution Roussely lui paraît la bonne. Il se verrait bien lui aussi occuper le poste de ce dernier dans quelques années : la continuité lui convient. Jean-Louis Borloo, ministre des Affaires sociales, soutient Roussely sans excès. Peut-être assure-t-il une sorte de minimum syndical comme président du Parti radical, vivier historique de la franc-maçonnerie. Dans le même temps, les prises de position publiques en faveur du président d’EDF en exercice se font plus visibles, comme celle de Thierry Breton, alors président de France Telecom et futur ministre des Finances. Ce déploiement ignore une règle pourtant simple : il ne faut pas humilier l’adversaire. Jean-Pierre Raffarin, qui a vu Jacques Chirac et lui a fait part de son inquiétude, en est plus que jamais convaincu : cette insistance collective est suspecte. D’ailleurs, il a commencé à étayer ses soupçons. Le successeur auquel il a pensé pour le poste tant convoité, l’ancien ministre Francis Mer, connaît bien EDF pour en avoir été le plus gros client lorsqu’il dirigeait la sidérurgie française. Et Francis Mer a épluché les comptes. Il en est ressorti perplexe : les rémunérations de certains prestataires lui semblent peu raisonnables… L’allongement, d’un trait de plume d’EDF, de la durée de vie des centrales nucléaires de vingt-cinq ans à près de quarante pour éviter de nouveaux investissements hors de prix a aussi surpris dans certains ministères. La confiance s’est érodée.

Le dénouement du feuilleton ? Francis Mer est mis hors jeu, officiellement à cause de son âge. Les présidents d’entreprises publiques, c’est la loi, doivent avoir moins de 65 ans. C’est absurde mais c’est ainsi. Or, pas de chance, Mer vient de fêter son soixante-cinquième anniversaire ! L’équipe Raffarin fait donc ajouter, en plein juillet, un amendement aux projets de loi sur le changement de statut d’EDF et de GDF pour faire disparaître cette clause d’âge. Mais le 6 août, le Conseil constitutionnel rejette l’amendement voté. Catastrophe !

Matignon, pour ne pas perdre la face, doit trouver rapidement un candidat de rechange. C’est là qu’intervient une figure influente du Tout-Paris des affaires, Anne Méaux, qui chuchote à l’oreille droite des patrons et des politiques, comme Stéphane Fouks le fait à l’oreille gauche.



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