Trois femmes et un empereur by Histoire de France - Livres

Trois femmes et un empereur by Histoire de France - Livres

Auteur:Histoire de France - Livres [Livres, Histoire de France -]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Récit Historique
Éditeur: Fixot
Publié: 2012-06-25T22:00:00+00:00


Ce matin-là, il est à sa toilette avec Constant lorsqu’on lui apporte une dépêche venant de Hollande.

Tandis qu’il en prend connaissance, je puis voir pâlir son visage, le papier tremble entre ses doigts, il se tourne vers nous.

— Monsieur Napoléon est mort, articule-t-il avec effort.

« Nonon » n’est plus.

« Nonon »... Ainsi l’appelait le fils d’Hortense, Napoléon-Charles, que, sur l’instigation de Joséphine il avait décidé d’adopter pour en faire son héritier. L’enfant vient de mourir du croup.

— Pauvre madame, murmure Constant qui est devenu blanc comme un linge.

Disant cela, à qui pense-t-il ? À Hortense ou à Joséphine ?

Ce même après-midi, prenant soin que je ne sois vue de personne, Napoléon m’a menée au lac. Mai était là. Le feuillage des chênes avait des reflets de bronze doré ; aubépines et myosotis, jacinthes et narcisses paraient les sous-bois, festonnaient le bord de l’eau. Il y avait partout des nids d’oiseaux et je ne pouvais m’empêcher d’être heureuse.

L’Empereur regarda tout cela et soudain me prit dans ses bras.

— Un enfant de toi, murmura-t-il. Un fils de mon épouse polonaise !

Son « épouse »... Il avait bien prononcé ce mot et un cri d’allégresse, un chant de cathédrale, faisaient exploser ma poitrine : « Son épouse »...

Je l’entendais encore ce mot tandis qu’il me couchait dans l’herbe ; et ce fils qu’il me réclamait, lorsque son souffle se fit plus pressé, lorsque je vis son regard se perdre et que je le sentis prêt à planter en moi sa semence, je l’appelai de tout mon être, je lui criai : « Viens ! »

C’est à ce sommet dans le bonheur et la fusion que je voudrais penser à chaque fois que reviendra, dans ma vie, le joli mois de mai.

Tout alla très vite après ! Ces arbres en fleurs, cette gloire en herbe, cette poudre d’or, signifiaient que le moment était venu de reprendre les combats. Voyant défiler, de ma fenêtre, les chatoyants uniformes, je n’ignorais pas qu’ils étaient destinés aux boulets, à la boue et au sang. Et cette chanson qui tant me faisait rire : Malbrough, c’était, m’apprit Constant, le signal d’un proche départ. Malbrough s’en va-t-en guerre... Il la chantait si gaiement ! Comme si la venue du printemps avait, dans son esprit, effacé la forêt enneigée d’Eylau.

— Marie, promet l’Empereur, je me ferai loup pour chasser les vampires.

À la tombée d’une nuit, qui pourtant semblait comme les autres me promettre avec ses étoiles les doux feux d’artifice de mes vingt ans enfin trouvés, je montai dans la berline aux rideaux tirés où m’attendait Bénédict.

— Walewice ? demanda-t-il.

— Kiernozia, répondis-je.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.