Treize raisons by Jay Asher

Treize raisons by Jay Asher

Auteur:Jay Asher [Asher, Jay]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman dramatique
Publié: 2012-07-27T19:17:41+00:00


K7 N° 4 : FACE A

De retour à l’intersection, la main rouge clignote à nouveau mais je m’élance quand même pour traverser la rue. Le parking compte encore moins de voitures que tout à l’heure. Mais toujours aucun signe de ma mère.

À quelques portes de l’entrée du restaurant, je m’arrête de courir. Adossé contre la vitrine d’une animalerie, je tente de reprendre mon souffle. Puis je me courbe en deux, les paumes sur les genoux, en priant pour que tout ralentisse un peu avant qu’elle n’arrive.

Impossible. Parce que mes jambes ont beau s’être immobilisées, mon cerveau, lui, continue à turbiner. Je me laisse descendre le long de la vitre glacée, genoux pliés, luttant de toutes mes forces pour retenir mes larmes.

Mais le temps presse. Elle ne va plus tarder.

Après avoir inspiré à fond, je me remets péniblement debout, rejoins l’entrée du restaurant et pousse la porte.

Une bouffée d’air chaud m’assaille, mélange de graillon de hamburgers et d’odeurs sucrées. À l’intérieur, trois des cinq tables avec banquettes le long du mur sont déjà prises. L’une par un garçon et une fille sirotant des milk-shakes et grignotant du pop-corn en provenance du Crestmont. Les deux autres par des étudiants plongés en plein travail. Leurs cahiers recouvrent les sets de table, laissant tout juste assez de place pour leurs verres et quelques cornets de frites. Par chance, la banquette du fond est prise elle aussi. Je n’ai pas à me poser la question d’y aller ou non.

L’un des flippers arbore une affichette « Hors service » écrite à la main. L’autre est monopolisé par un gars de terminale que je reconnais vaguement, en train de se défouler sur la machine.

Suivant les bons conseils d’Hannah, je vais m’asseoir au comptoir, qui est désert.

Derrière se tient un homme vêtu d’un tablier blanc, occupé à répartir des couverts dans deux baquets en plastique. Il m’adresse un signe du menton.

— Quand vous voudrez.

Je tire un menu coincé entre deux porte-serviettes en inox. Au verso de la carte est imprimé l’historique détaillé de l’établissement, avec des photos en noir et blanc datant des quatre dernières décennies. Je parcours le menu, mais rien ne me tente. Pour l’instant.

Un quart d’heure. C’est le temps qu’Hannah a dit d’attendre. Un quart d’heure, et je passerai commande.

Quelque chose clochait quand ma mère a appelé. Un truc clochait chez moi, et je sais qu’elle l’a perçu dans le ton de ma voix. Écoutera-t-elle les cassettes pendant le trajet pour le découvrir ?

Quel imbécile. J’aurais dû lui dire que je les prendrais moi-même. Mais je ne l’ai pas fait. Me voilà donc condamné à l’attendre pour en avoir le cœur net.

Le garçon qui mangeait du pop-corn demande la clé des toilettes. L’homme au tablier lui désigne le mur. Deux clés sont suspendues à des crochets en laiton. L’une dotée d’un chien en plastique bleu, l’autre d’un éléphant rose. Le garçon prend le chien bleu et disparaît dans le couloir.

Une fois ses baquets en plastique rangés sous le comptoir, l’homme s’attelle au dévissage d’une bonne douzaine de salières et de poivrières sans me prêter attention.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.