Transsiberian back to black by Andreï Doronine

Transsiberian back to black by Andreï Doronine

Auteur:Andreï Doronine [Doronine, Andreï]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature russe
ISBN: 9782358871488
Éditeur: MANUFACTURE DE LIVRES
Publié: 2017-04-11T22:00:00+00:00


Toubib marron

— Un rasoir électrique. Presque neuf.

— Pas besoin.

— Putain, prends-le. Si tu veux, je te le rachète après !

— Nan.

J’ai regardé le visage content de lui de Ikham, constitué de deux yeux rieurs et d’une barbe.

C’est vrai, qu’est-ce qu’il pourrait bien foutre d’un rasoir ?

La porte d’entrée d’immeuble s’est refermée, me poussant dans la rue. À droite et à gauche se dressaient les ombres de vieilles maisons de rapport à neuf étages à moitié détruites.

À proprement parler, cette me ne figurait même plus sur la carte de la ville. Il y a quelques années de ça, on a envoyé tous les habitants de ces boîtes à chaussures pourrissantes vivre dans un autre quartier, construit en plein milieu d’un champ, mais, pour une raison quelconque, ils ont oublié de démolir ces baraques. Enfin, c’est-à-dire qu’ils ont commencé à le faire, et puis après ils sont partis s’en griller une et ils ne sont jamais revenus. Maintenant les bâtiments morts s’élèvent le long de la route, recouverts de peinture verte, ce qui leur donne un aspect encore plus dégueulasse.

Quand on entrait dans le quartier c’était tout aussi repoussant. La dernière fois que j’y ai mis les pieds, dans la journée d’hier, une sueur froide me dégoulinait dans le dos. L’idée de revenir sur mes pas pour rentrer chez moi me donnait envie de vomir. En chemin, une ambulance du service d’urgences m’a dépassé.

Je me représentais la quantité de défonce qu’ils apportaient là, dans leurs petites mallettes.

Depuis le début de la journée, tout allait résolument de travers. Cet enfoiré d’Ikham ne voulait pas de mon rasoir. C’était le seul objet de valeur qui restait encore chez moi. En quelques jours, j’avais même bradé la vaisselle au voisin à un prix tellement ridicule qu’ensuite, pendant que je rechargeais la mule dans l’escalier, je me suis pris à me demander sérieusement si je n’allais pas aller chier sur le paillasson de ce vieux grigou de Valeri !

À en croire mes sensations intérieures, il me restait juste assez de forces pour rentrer chez moi et m’allonger faire ma crise de manque. C’est pas aussi joli qu’au cinéma où les acteurs se trémoussent sur un tapis et crient des absurdités, genre : « Donnez-moi ma dose ! » Non. C’est bien pire que ça.

On est allongé sur le lit, les genoux repliés. On a froid et on est très, très seul. Et les souffrances physiques ne sont rien en comparaison du fardeau énorme à l’idée qu’on est un putain de raté. On n’aura jamais de voiture, parce qu’on s’est débrouillé pour shooter jusqu’au chat de son pote. On n’intéresse personne, parce que personne ne nous intéresse. On n’a déjà plus le moindre principe, mais personne ne proposera quoi que ce soit pour qu’on se hasarde même à penser à la morale. En effet, personne n’a envie de communiquer avec des gens comme nous. Même le dealer préférera balancer la défonce par la fenêtre dans un paquet de dopes plutôt que de voir notre tronche au seuil de sa porte.



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