Trahisons by Payette Sylvie

Auteur:Payette, Sylvie [Payette, Sylvie]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782764435168
Éditeur: Les Éditions Québec Amérique
Publié: 2018-04-13T04:00:00+00:00

Chapitre 22

Claudie m’avait fait parvenir tout un horaire pour la semaine suivante. Je devais participer à deux rencontres, puis trois dîners. Le samedi suivant, une réception serait donnée en mon honneur pour souligner la libération de prisonniers.

L’état de santé du roi rendait impossible la tenue d’un bal, qui aurait mal paru dans les circonstances. Il y aurait donc un goûter dans l’après-midi, suivi d’une danse.

Je songeais à mon existence trop bien organisée. Tous mes déplacements étaient prévus. Pour chaque sortie, je disposais d’un dossier contenant les noms des gens dont je ferais la connaissance, ainsi qu’une courte biographie pour chacun. Ce n’était pas ma vie, c’était celle d’une autre. Il devait y avoir erreur sur la personne.

On n’avait pas pensé à me demander si j’avais envie d’assister à ces rencontres ou bien comment j’aurais souhaité souligner la libération de tous ces gens.

Le pire, c’était que les choses me paraissaient très bien orchestrées. Mes activités s’enchaînaient à la perfection, chaque petit mouvement était prévu. Claudie avait accompli un travail remarquable. Je ne pouvais rien lui reprocher. Cet emploi du temps ne convenait tout simplement pas à une jeune femme comme moi.

J’avais quelques jours de repos avant de me lancer dans ce marathon de rendez-vous.

Pyo est rentré et m’a appris qu’il venait de la prison où il avait pu discuter avec Henri. Ce dernier demandait que nous apportions les documents trouvés chez les théodoriciens à Angèle le plus rapidement possible. Elle saurait comment en partager le contenu avec les chefs de camps.

Après avoir discuté avec Logan et les autres, il a été entendu que nous partirions seuls, Pyo et moi. Logan avait programmé le trajet dans l’ordinateur de la moto, et nous n’aurions qu’à suivre les indications pour atteindre notre destination.

Après les attaques des pirates, le camp n’était plus occupé que par quelques personnes ; Angèle y vivait toujours.

J’ai demandé à mes amies d’examiner mon emploi du temps et de préparer les tenues dont j’aurais besoin. Je faisais confiance à Kim et à Margot. Elles avaient l’habitude des mondanités et m’avaient toujours bien conseillée.

J’ai sorti une redingote longue et un pantalon clair. J’ai enfilé des bottes montant au-dessus du genou. Je ne sais pas pourquoi ces vêtements étaient devenus si importants pour moi, mais ils me donnaient la force d’affronter l’avenir.

Ma grand-mère disait souvent que l’habit ne fait pas le moine, mais, curieusement, ici, il fournissait de l’énergie à ceux qui savaient le porter. Il suffisait que je me glisse dans un pantalon et que je chausse des bottes pour sentir de la puissance monter en moi.

De toute façon, dans cet univers, tout était une question d’attitude. Le port du corset indiquait le rang social et les privilèges qui venaient avec lui. Une femme comme Kiss, malgré son mètre soixante, dirigeait de main de maître un clan difficile. Il lui suffisait de mettre des bottes de cuir et d’empoigner un fouet pour que l’assurance qu’elle dégage tienne ses ennemis à distance.

La duchesse l’avait aussi compris. C’était avec ses larmes et ses changements de styles qu’elle finissait par obtenir ce qu’elle désirait.

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