Toujours y croire by Iris Mittenaere

Toujours y croire by Iris Mittenaere

Auteur:Iris Mittenaere
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: HarperCollins
Publié: 2019-10-14T13:01:30+00:00


UNE COMPÉTITION À L’AMÉRICAINE

Lorsque je pose pour la première fois le pied dans l’hôtel qui héberge toutes les candidates, je suis sous le choc. On a eu beau me prévenir, la « différence culturelle » restait jusque-là assez théorique. Les femmes qui déambulent devant moi ont un corps parfait – refait pour certaines. Miss Colombia, favorite de l’élection, traîne dans son sillage plus de vingt valises. Avec mes cinq pauvres bagages, j’ai l’air assez pitoyable et, de fait, elle ne me regarde même pas. Je n’apparais pas comme une concurrente sérieuse, je m’en rends très vite compte !

Les premiers jours, je suis médusée par le bal frétillant des Sud-Américaines. Par leurs manières libres et cavalières, leur aisance avec les membres de l’organisation et les journalistes. Je n’ai rien de commun avec ces filles, mais il faut s’adapter. Et vite. Qu’elles le veuillent ou non, elles vont devoir compter avec moi !

Nous sommes quatre-vingt-six candidates, et l’atmosphère est très loin de l’ambiance feutrée de l’hôtel Barrière de Lille. Ici, Miss Venezuela, Miss Colombia, Miss Argentina, Miss Thailand et Miss Philippines mènent la danse. Elles rient fort, portent des tenues flashy, plaisantent avec les journalistes, passent d’un chef d’entreprise à un ambassadeur avec un sourire ravageur et un déhanché appuyé. Elles comptent parmi les favorites, et certaines se préparent depuis un an à ce qui va suivre.

À côté d’elles, je me sens assez décalée. Pourtant, je sais désormais comment arriver dès le petit déjeuner avec le cheveu brushé et un maquillage impeccable. J’ai aussi fait beaucoup de sport et travaillé mes abdominaux, car un corps musclé est un sésame dans cette élection ; les bookmakers (pronostiqueurs) me décernent d’ailleurs le prix du « best body ». Mais, à ce stade, je n’ai pas encore les bons codes : j’ai pour habitude de parler quand on m’y invite, et non celle de prendre un micro pour improviser du small talk. Or, chez Miss Univers, plus on en rajoute, plus c’est apprécié.

Heureusement, je partage ma chambre avec une fille adorable, Miss Israel. Elle aussi est effarée par ce qu’elle observe. Notre complicité résistera aux tensions de la compétition, et ce sera d’un grand réconfort durant les jours de spleen. Pour mon anniversaire, qui tombe le jour des présélections, le 25 janvier, je sors dîner au McDo en sa compagnie. Sa présence me remonte le moral, car ça fait deux ans que je ne peux pas souffler mes bougies avec mes proches, ce qui est assez déprimant.

À Miss Univers, les trois quarts des filles sont passées sous le bistouri. Cette année-là, Miss Venezuela s’était fait opérer 17 fois. Au milieu de ça, Iris, c’est la belle des champs : la petite Française, fraîche et proprette. En face d’elle, il y a 80 bombes, pour certaines très sexy, et, entre les filles, c’est la guerre. Elles doivent se battre tous les jours pour obtenir le bon maquilleur, la bonne robe, la bonne place sur la bonne photo… Iris, c’est une bête de concours, mais version “première de la classe” : elle travaille en suivant les règles du jeu.



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