Tomás Noronha T12 : La femme au dragon rouge by José Rodrigues Dos Santos

Auteur:José Rodrigues Dos Santos [José Rodrigues Dos Santos]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: HC Éditions
Publié: 2023-05-17T12:43:59+00:00

Sans le Parti communiste, il n’y aurait pas de Chine nouvelle

Le Parti communiste travaille dur pour la nation

Le Parti communiste de tout cœur sauve la Chine.

Le chant fut interrompu par un ordre aboyé depuis le haut-parleur.

— Numéro 8 ! Interrogatoire !

Madina se raidit ; c’était elle. La porte de la cellule s’ouvrit aussitôt, deux gardes entrèrent, lui enlevèrent ses chaînes et la menottèrent. Ses poignets lui faisaient mal, mais quoi qu’il puisse se passer pendant l’interrogatoire, elle était au moins débarrassée de ces maudites chaînes. Même si ce n’était que pour une heure, c’était toujours ça de pris.

Tandis que les gardes l’emmenaient dans le couloir, Madina se sentit envahie par les émotions et par la peur. D’un côté, elle était terrifiée à l’idée d’être interrogée, frappée voire exécutée, c’était toujours une possibilité, mais de l’autre, elle était presque heureuse de pouvoir marcher. C’était la première fois en quinze jours qu’elle avait l’occasion de se dégourdir les jambes.

Lorsqu’elle entra dans le bureau de l’interrogateur, elle se retrouva face à un policier han qu’elle n’avait jamais vu auparavant, et qui ne daigna même pas lui adresser un regard ; il n’avait pas du tout l’air amical. Encore plus nerveuse, elle ne sentait déjà plus ses jambes lorsqu’elle s’assit sur la chaise et qu’elle fut libérée des menottes. Que signifiait ce changement ? On lui avait envoyé un tortionnaire han pour l’achever ? Toutes les hypothèses se bousculaient dans sa tête, au rythme des battements de son cœur, qui s’accéléraient.

Après une longue minute passée à examiner un dossier, le policier han leva les yeux et la dévisagea.

— Avez-vous apprécié le discours ?

La question surprit Madina ; elle avait presque oublié le discours que le Chef venait de prononcer.

— Euh… oui, beaucoup, répondit-elle d’une petite voix craintive.

— La partie concernant la nécessité de lutter contre les comportements antisociaux était très importante, vous ne pensez pas ?

— Oui, absolument. Le Lingxiu a une immense sagesse. C’est un grand homme.

— Alors, pourquoi aviez-vous l’air de vous ennuyer, quand il a parlé des comportements antisociaux ?

Elle fit une grimace horrifiée.

— Moi ? J’ai eu l’air de m’ennuyer ?

Soit le policier l’avait observée durant l’allocution du Chef, pour jauger ses réactions. Soit c’était l’algorithme qui avait étudié ses expressions pendant le discours, et avait conclu qu’elle s’ennuyait en écoutant le Lingxiu. Quoi qu’il en soit, quelqu’un – le policier ou l’algorithme – avait été capable de lire dans ses pensées.

Elle craignait le pire, mais le policier n’insista pas. Peut-être avait-il seulement voulu lui montrer que le Parti pouvait lire dans ses pensées. L’homme sortit une photographie du dossier qu’il avait consulté quelques instants plus tôt, et la posa sur la table.

— Vous rappelez-vous ceci ?

Madina constata qu’il s’agissait d’une photo d’elle assise sur le banc d’un parc, en train de manger avec Husein, alias Wu. C’était le jour où elle avait eu une longue conversation avec l’ingénieur dans le parc Chaoyang, à Karamay. Ça s’était passé à peine un an auparavant, mais il lui semblait qu’il s’était écoulé une éternité.

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