Thomas Passe-Mondes, Tome 2 by Eric Tasset

Auteur:Eric Tasset
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782806253491
Éditeur: Primento Editions
Publié: 2012-12-03T05:00:00+00:00

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La transaction les allégea de six perles d’ambre bleu et douze d’ambre jaune. L’ambre était l’une des monnaies ayant cours dans cette partie d’Anaclasis, le bleu constituant visiblement les grosses coupures et le jaune la menue monnaie. Thomas aurait bien été incapable de dire si cette somme était modique ou exorbitante. Duinhaïn paya sans trahir la moindre émotion, entre deux gorgée brûlantes de m’nèm. La boisson traditionnelle des caravaniers Meshs avait un fort goût de sel et de fenouil, pas désagréable et surtout désaltérant. Après avoir pris congé du satrape, les jeunes gens suivirent le dénommé Harpage jusqu’aux cavernes. En passant devant le porche monumental de la plus grande d’entre elles, ils entendirent soudain un puissant battement de tambour résonner dans la pénombre. D’autres semblèrent lui répondre, de plus loin, puis le silence retomba.

— Qu’est-ce que c’était ? demanda Ela à leur mentor.

— Les mandrals s’impatientent, répondit celui-ci. Cela fait trois jours qu’ils sont bloqués là. Le désert leur manque.

— Est-ce qu’on peut rentrer pour les voir ? suggéra Thomas intrigué.

Harpage haussa les épaules.

— Allez-y, je vous attends ici. Ne vous approchez pas trop. Ils sont pacifiques, mais parfois imprévisibles.

Les jeunes gens passèrent prudemment de la lumière à l’ombre. Après une vingtaine de mètres, ils s’arrêtèrent, le temps d’habituer leurs yeux à l’obscurité. D’énormes rochers semblaient occuper le sol plat de la caverne. L’extrémité et le plafond se perdaient dans la grisaille. Un remugle puissant et douceâtre flottait dans l’air.

— Tu vois quelque chose ? chuchota Pierric à Thomas.

— Rien. Je pense qu’ils sont derrière ces rochers…

— Ça a bougé ! s’écria soudain Tenna.

— Qu’est-ce qui a b-b-bougé ? s’inquiéta Bouzin.

— Le rocher devant nous, marmonna Ela d’une voix étouffée. C’est tout le rocher qui a bougé…

— Ce n’est pas un rocher, affirma Duinhaïn d’un ton amusé. C’est un mandral ! Avançons un peu pour mieux le voir…

Il fit quelques pas, suivi à prudente distance par ses compagnons. La forme devant eux, longue comme un wagon de métro et presque aussi haute, sembla sinuer sur quelques mètres pour leur faire face. Les jeunes gens s’immobilisèrent, médusés, devant l’immense apparition. La description qu’en avait faite Duinhaïn la veille était parfaite : un serpent portant sur son dos une coquille d’escargot. Mais de la taille d’une baleine ! Le mandral pointait une tête grosse comme une barrique deux mètres au-dessus du sol, considérant les nouveaux venus en clignant des yeux. Sa bouche laissait échapper par moments une langue bifide de la taille d’un bras. Au-dessus de sa tête se balançait mollement une sorte de tentacule terminé par un bouquet de très longues plumes ressemblant à un éventail à moitié déployé. Les écailles qui recouvraient le corps massif et ramassé du reptile faisaient penser à un véritable blindage. L’énorme coquille dégageait la même impression de puissance : légèrement allongée, couvrant la moitié du corps, elle aurait facilement pu contenir une petite maison. Elle était hérissée de pieux auxquels les caravaniers devaient fixer les marchandises à transporter.

Pierric laissa échapper un sifflement appréciateur.

— Le mandral dort dans sa coquille, comme un escargot ? demanda Ela à mi-voix.

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