Thimothée Pacap – Tome 1 : Le concours d’éloquence by Jennifer Richard

Thimothée Pacap – Tome 1 : Le concours d’éloquence by Jennifer Richard

Auteur:Jennifer Richard
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Albin Michel
Publié: 2021-04-26T12:46:57+00:00


À la récréation, le groupe d’amis est assis sur une margelle de pierre, près du grand marronnier de la cour. Julia ne se tient plus aussi près de Boris et se rapproche de Timothée, qui ne s’en rend pas du tout compte. Marie, elle aussi, approche, avec toutefois plus de discrétion. La pointe de ses grands pieds s’arrête à quelques centimètres de ceux de Timothée, qui sent remonter dans ses narines l’odeur de cage à hamster.

« Pourquoi tu nous casses les pieds avec tes fleuves des Caraïbes ? dit-elle avec un mouvement du menton, comme un cheval qui se cabre. La leçon, c’était les fleuves de France. C’est la France, les Caraïbes, peut-être ? Et ton père, il est pirate ? Et ta mère ?… »

Elle lance un regard mauvais à ses petites copines aux rires de hyène, derrière elle, le temps de trouver une bonne insulte.

« Et ta mère, elle est sorcière ? »

Julia étouffe un rire de souris dans sa main. Elle trouve la question de Marie stupide, mais elle a peur d’elle et n’ose le lui dire frontalement. Boris a envie de répondre, mais il laisse la main à son copain. Il fait mine de se désintéresser du conflit et examine d’un œil expert les billes qu’il extrait du fond de sa poche. Timothée n’a plus besoin de lui pour se défendre. En effet, il sent la douce odeur de son bracelet lui chatouiller le nez. Il se sent bien, il se sent fort. Il s’élance, comme dans une course.

« Marie, commence-t-il en tentant de dompter les pulsations de son cœur, on m’a toujours dddit que les gens désagréables étaient dddes gens tristes ou bbbêtes. Ou les dddeux.

– N’importe quoi ! » proteste Marie, comme si elle venait d’avoir la meilleure répartie du monde.

Si elle avait été plus attentive, elle aurait évité le piège tendu par Timothée. Elle se serait désintéressée de la question. Elle lui aurait dit qu’elle n’en savait rien, qu’elle n’était ni bête ni triste. Mais elle n’est pas habituée à discuter. Elle n’a pas de véritable ami et ne dispose que d’un langage pour se faire remarquer.

Boris est toujours concentré sur ses billes. Julia, assise sur un banc, les mains sous les cuisses, balance ses jambes et pose ses yeux aux longs cils tour à tour sur Timothée et sur Marie. Timothée est étonné. Il ne pensait pas qu’il était si facile de mener une conversation. Il observe sa camarade et lui laisse quelques secondes pour réfléchir à une autre stratégie. Mais elle reste là, debout devant lui, et marmonne quelques vannes avec ses copines, la main devant la bouche.

« N’importe qu-quoi ? demande finalement Timothée. Tu veux dire que tttoi, si tu es mmméchante, ce n’est ni parce que tu es tttriste, ni parce que tu es bbbête ? Mais alors… pourquoi es-tu dddésagréable ? »

Marie le dévisage. Elle se rend compte qu’elle a un temps de retard. Elle se gratte le cou comme si elle avait des puces.

« Je ne suis pas désagréable ! » ne peut-elle s’empêcher de crier.



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