Terminus Dubaï by Stéphane Desienne

Auteur:Stéphane Desienne [Desienne, Stéphane]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Science-fiction
Éditeur: Walrus
Publié: 2014-02-08T23:00:00+00:00

La visite menée par Jool avait confirmé ses pressentiments, mais douché également ses espoirs. Ce laboratoire ainsi que d’autres, répartis dans des lieux tenus secrets, ne traiteraient jamais cinq millions d’unités dans le temps imparti. Jave se garda d’évoquer ce chiffre sensible. Les humains s’imaginaient probablement en mesure de conserver leur planète et une fois les mercenaires chassés, de reprendre une vie normale.

Un sentiment compréhensible. Mais irréaliste.

— Avec la cryosève et le précurseur, grâce à toi, nous avons les dernières pièces, déclara Jool.

Près du sas d’entrée, Élaine et le dénommé Richardson échangèrent des sourires et quelques mots. Jave se contenta de les observer. Était-ce trop tôt pour leur exposer la vérité ? L’émissaire entraîna son vieil ami un peu plus loin vers la passerelle. Le mouvement déclencha des regards méfiants et la levée d’une rangée de fusils dans leur direction.

— Ils sont très nerveux, avertit Jool.

— Cette installation est compromise ou ne tardera pas à l’être. Les soudards sont occupés avec l’intrusion des vaisseaux des empoisonneurs, mais ça ne durera pas.

— Des empoisonneurs ? s’agita Jool. Tu as fait venir des empoisonneurs jusqu’ici ?

Les grands gestes attirèrent l’attention d’Élaine qui lui adressa un signe, le visage perplexe. Jave comprit qu’elle se demandait ce qui se passait. Il ne fournit aucune explication.

— Si j’ai engagé leurs services, c’est pour plusieurs raisons. D’abord, ce sont des rivaux très heureux à l’idée de se frotter à Naakrit Ot du clan Kulari. Hors du Collectif, tous les coups sont permis ou presque. Ensuite, le raid éclair force le Primark à dégarnir la défense de la Terre. D’après mes renseignements, tous les dompteurs sont partis pour Mars. Il ne reste sur place que la station logistique, les navettes cargos et les T-V.

— Des empoisonneurs ! l’interrompit à nouveau Jool.

Les radicelles sur ses avant-bras tâchés de Jool se rétractèrent, il inspira une bouffée de dioxyde de carbone pulsé à travers ses embouts.

— Il me fallait une menace crédible. Ils sont bons à ce qu’on dit…

— Rjek ! D’après toi, que se passera-t-il lorsqu’ils viendront gazer la planète ? Tu es inconscient.

— J’ai négocié, lui avoua Jave.

Le mugissement caverneux qui s’ensuivit devait être particulièrement audible parce que l’infirmière fronça les sourcils à son attention. Jave agita une patte de la même manière qu’elle l’avait fait précédemment.

— Tout va bien, lui lança-t-il.

— C’est la catastrophe, déclara Jool… Un gâchis.

L’émissaire fixa son vieil ami. Le bord de ses évents nasaux était crevassé et les plaques colorées semblaient s’étendre.

— Il est certain qu’on ne peut pas rester ici. Nous devons partir au plus vite.

— Oui, nous pouvons changer de site, confirma Jool. Une plateforme en mer de Chine.

— Non, tu ne saisis pas : nous devons quitter la Terre. J’ai négocié une évacuation avec les empoisonneurs. Nous pouvons sauver plusieurs millions d’humains.

— Et tu les transportes comment ?

— Dans des cryosarcophages. C’est la meilleure méthode d’après l’ingénieur GénoSaran que j’ai rencontré.

— Tu as aussi conclu un accord avec eux ? Rejk ! Peu importe, j’ai l’impression que tu as tout prévu.

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