Ténèbres by Camille Bouchard

Ténèbres by Camille Bouchard

Auteur:Camille Bouchard [Bouchard, Camille]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Jeunesse
ISBN: 9782764625965
Éditeur: Editions du Boréal
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


Les épines et la boue

Le surlendemain, avant même les premières lumières de l’aube, les porteurs ont chargé les malles, paquets et ballots des membres de l’expédition, en plus du matériel photographique de Maurice Anctil. Le petit camion était si plein qu’il a fallu aussi placer des bagages sur le toit des deux automobiles.

—  Et mes cabris ? a demandé Desneiges aux boys qui terminaient de nouer les câbles retenant les chargements. Je les mets où ?

—  Quoi, les cabris ? s’est étonné Adoum. On ne va pas se farcir tes animaux ?

—  Je n’irai certainement pas à Boda sans ma dot !

Le boy, qui n’était visiblement pas au courant du détail, a ouvert des yeux plus ronds que des noix de coco.

—  Tu vas te marier à Boda ?

—  C’est pas tes oignons. Tiens, prends ça. C’est la valise du petit Blanc. Attache-la avec les autres.

—  La valise, je consens ! Mais tes chèvres…

—  Ça va, s’est interposé un deuxième boy. On va ficeler les bêtes par-dessus les ballots sur le camion. Elles auront même la meilleure vue de là-haut.

—  Et nous ? On se met où ? s’est inquiété Adoum en constatant que toutes les places étaient occupées.

—  Toi, je ne sais pas, a dit Desneiges, mais, moi, je vais avec mes chèvres.

Dans l’automobile de tête, j’étais assis sur la banquette arrière, coincé entre Lavoie et le gros Zézé, le cuisinier de l’équipe. Sur le siège avant, il y avait Mobaye, le chauffeur, en compagnie de Gilot et d’Anctil. La chaleur était suffocante, et toutes les vitres des portières étaient baissées.

J’ai été étonné de découvrir une piste relativement large et bien entretenue. Évidemment, ce n’était pas le pavé des routes de France, mais on pouvait rouler à une vitesse suffisante pour soulever un important nuage de poussière. J’ai pensé à la pauvre Desneiges et à ses chèvres sur le toit du camion, à l’arrière. Elles devaient avoir peine à respirer.

Nous n’avions pas parcouru beaucoup de kilomètres quand, sur le bord de la route, nous avons croisé des Africains charriant des paniers remplis de longues lanières jaunâtres. On aurait dit des algues séchées.

—  Qu’est-ce qu’ils transportent ? s’est informé Gilot en se tournant à demi pour suivre du regard un homme qu’on dépassait. La pulpe d’un fruit ? L’écorce d’une plante ?

C’est Mobaye qui a répondu :

—  C’est le céara7. Les bakongos apportent leur récolte mensuelle aux comptoirs de la compagnie forestière.

—  C’est à ça que ça ressemble ? s’est étonné Anctil. Il faudra que je prenne des photos une fois à destination.

À un moment donné, la piste devant nous s’est transformée en une vaste étendue bourbeuse. Un ruisseau voisin avait débordé de son lit.

—  Il a tombé un orage voilà quatre jours, a affirmé Zézé. Et toute la flotte a salopé les marigots.

Le conducteur s’apprêtait à engager l’automobile dans le passage boueux quand Lavoie a lancé :

—  Stop ! Attends !

Le véhicule s’est immobilisé brusquement et, comme j’étais appuyé sur les genoux, j’ai failli me frapper la tête contre le dossier devant moi.

—  Qu’y a-t-il ? s’est inquiété Gilot.

De l’autre côté du trou vaseux, au



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