Seigneurs de guerre 5 - Les Tourments du Brigadier by Ridley Erica

Auteur:Ridley, Erica [Ridley, Erica]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Auto-édition
Publié: 2022-03-03T23:00:00+00:00

Chapitre 12

Quelques semaines après la naissance, Sarah pouvait nourrir ses bébés dans son sommeil. En fait, elle était presque certaine que c’était ce qu’il se passait la plupart du temps. Elle vivait dans un état constant d’épuisement.

Elle s’installa dans un fauteuil à bascule pour faire roter le bébé. Elle était si fatiguée… Quand était la dernière fois où elle avait dormi profondément ? Bien avant les jumeaux. Avant de découvrir qu’elle attendait un bébé. Avant qu’Edmond soit présumé mort. Elle n’avait pas eu une nuit reposante depuis le jour où il avait acheté son commandement dans l’armée.

Maintenant, il était de retour. Un miracle. Un cauchemar.

S’inquiétait-elle que l’intérêt de son mari s’essouffle maintenant que son regard brillant et sa silhouette mince avaient été remplacés par des poches sous ses yeux et un ventre flasque ? Un rire étranglé lui échappa.

Son intérêt ne s’était pas seulement amoindri. Edmond grimaçait dès qu’il la touchait.

Oh… il était un mari modèle. Un père exemplaire. Il se levait pour les bébés aussi souvent qu’elle et faisait tout ce qui était en son pouvoir pour assurer son confort. Ses plats préférés. Des oreillers moelleux. Des robes dispendieuses.

Ils se disputaient. Férocement. Il voulait embaucher une nourrice, une nounou. Malgré le soulagement qu’une telle aide pourrait lui apporter, elle ne supportait pas l’idée de voir leurs ressources réduites à cause de tâches qu’elle pouvait faire elle-même. Elle avait passé vingt-quatre ans à regarder ses parents dilapider la moindre fortune en un clin d’œil. Elle ne répéterait pas leurs erreurs.

Répéterait-elle les siennes ?

Sarah regarda le bébé qu’elle avait au sein dans ses bras. De l’amour emplissait son cœur. Elle ne regrettait pas d’avoir eu des enfants. Ni l’erreur qui l’avait menée à sa grossesse. Elle aurait souhaité que ces moments de passion ne se limitassent pas à une nuit.

Ce n’était pas seulement ce besoin d’être un objet de désir pour Edmond. Elle voulait mériter son désir. Et elle savait que ce n’était pas le cas. Elle ne pouvait pas commencer à essayer.

Là où elle avait été assez jolie pour attirer le regard de n’importe quel homme, un aperçu de son propre reflet lui faisait l'effet de regarder une étrangère. Une étrangère pâle, grosse et épuisée. Pas étonnant qu’Edmond reculait à chaque contact physique. Elle pouvait à peine supporter la vue de sa peau quand elle prenait un bain. Si elle détestait son corps, pourquoi son mari n’aurait-il pas le même sentiment ?

La porte de la nurserie s’ouvrit. La douce lumière des bougeoirs dans le couloir souligna les larges épaules de son mari et sa tête ébouriffée.

— Pourquoi ne m’avez-vous pas réveillé ?

— Je devais nourrir les jumeaux. Vous n’êtes pas équipé pour m’aider.

Il entra dans la nurserie et s’affaissa dans le fauteuil à bascule à côté du sien.

— Vous n’avez pas à le faire toute seule.

Sarah ne répondit pas. Il n’y avait aucun intérêt à lui dire qu’elle se sentait plus seule que jamais quand il n’était qu’à quelques centimètres d’elle, il semblait à des kilomètres, hors d’atteinte. Y avait-il une alternative ?

La seule chose pire que de ne plus être désirable serait de le forcer à feindre une attraction.

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