Secheresse by Ballard J.G

Secheresse by Ballard J.G

Auteur:Ballard,J.G [Ballard,J.G]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2013-08-31T05:06:00+00:00


23 : LE CHAMP DE FOIRE

ILS se remirent en route. Les collines commencèrent à s’éloigner, car celle-ci tournait au point de se diriger presque franchement vers les terres. Ils avaient atteint les rives de l’estuaire du fleuve. La région en forme d’entonnoir avait été jadis bordée de marécages et de plages de sable, et le terrain en contrebas semblait encore humide et sombre, malgré le soleil brûlant qui le frappait à travers l’herbe sèche. Les centaines de véhicules parqués au milieu des dunes et des petites collines s’étaient enfoncés jusqu’aux essieux dans le sable mou, et leurs toits s’inclinaient dans toutes les directions. Ransom s’arrêta au bord de la route, la présence du lit du fleuve lui offrant une possibilité de fuite. À trois cents mètres de là, se dressaient les gros poteaux de clôture délimitant le périmètre. Ils étaient reliés entre eux par des rouleaux de barbelés solidement implantés dans le sol. Une étroite bande de dunes et de ruisseaux à sec séparait cette ligne de la clôture intérieure. À quatre cents mètres au-delà de celle-ci, ils pouvaient apercevoir une petite partie du rivage et les vagues écumant sur le sable mouillé. Sur l’autre berge du chenal vide, des dizaines de cabanes avaient été construites, et des hommes, torse nu, travaillaient avec ardeur en plein soleil. Leur énergie et la proximité de l’eau derrière leur dos contrastaient douloureusement avec l’apathie des milliers de gens aux aguets sur les dunes, de l’autre côté des fils de fer barbelés.

Ransom descendit de la voiture. « Nous allons essayer ici. Nous sommes plus loin du rivage, mais il y a moins de monde. Peut-être détestent-ils le fleuve pour une raison quelconque.

— Et l’auto ? » demanda Philip. Il observa Ransom avec défiance, comme s’il hésitait à abandonner la sécurité toute relative du véhicule.

« On la laisse. Ces gens ont tout emporté avec eux, ils ne vont pas abandonner leur voiture quand ils sont garés sur le sable. » Ransom attendit que les autres sortissent, mais ils restèrent passivement assis. « Venez, Catherine. Mrs. Quilter, vous pourrez dormir sur les dunes, ce soir.

— Je n’en suis pas si certaine que ça, docteur. »

Elle quitta l’auto en faisant la grimace. « Et vous, Mrs. Jordan, ça va ? demanda Ransom.

— Bien sûr, docteur. » Le vieux Noir était encore assis, tout raide. « Déposez-moi sur le sable, c’est tout.

— Nous ne sommes pas sur le sable. » Maîtrisant son impatience, Ransom dit : « Philip, peut-être que Mr. Jordan pourrait attendre dans la voiture. Quand nous aurons établi une espèce de poste près des barbelés, nous reviendrons le chercher.

— Non, docteur, répondit Philip en secouant la tête. Si nous ne le mettons pas sur la civière, je le porterai moi-même. »

Avant que Ransom eût pu riposter, il se pencha et sortit l’aveugle de l’auto. Puis il le souleva comme un enfant entre ses bras puissants.



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