Russka by Rutherfurd Edward

Russka by Rutherfurd Edward

Auteur:Rutherfurd, Edward [Rutherfurd, Edward]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Historique
ISBN: 2266063642
Éditeur: Presses de la cité
Publié: 1992-12-07T18:28:31+00:00


1700

Ainsi finit l’ancienne Russie.

Pour la majorité de la population, ce fut un cataclysme ; comme si le firmament lui tombait sur la tête. Et Daniel y vit un signe annonciateur de la fin du monde. Il réunit Eudoxia, Arina et la petite Mariouchka.

— L’Apocalypse a commencé, leur dit-il. L’Antéchrist est parmi nous.

C’était effectivement le début d’une ère nouvelle, car en décembre 1699, le tsar Pierre avait décidé de changer le calendrier.

Pour comprendre la portée de l’événement, il faut se souvenir qu’en Russie, on n’était pas en 1699 mais dans l’an 7207 de la Création – système que les Russes appliquaient depuis l’époque de Kiev. Il faut se souvenir aussi que l’année ne commençait pas en janvier mais en septembre.

N’importe quel Russe vous aurait expliqué que c’était parfaitement logique. Ne parle-t-on pas d’une pomme sur un arbre dans le récit de la Genèse ? Le monde avait donc commencé à l’automne.

Le fait que le reste du monde utilisait un calendrier différent montrait seulement à quel point les autres pays étaient dégénérés.

Par son oukase de décembre 1699, Pierre décida que le mois suivant commencerait un nouveau système, une nouvelle année et un nouveau siècle. En janvier, la Russie entra en 1700.

Il ne fit qu’une seule concession aux sensibilités russes. Les pays catholiques d’Europe avaient alors adopté le calendrier grégorien moderne, mais l’Angleterre protestante s’en tenait encore à l’ancien calendrier julien. Chaque siècle, la différence minime entre les deux répartitions de jours solaires dans l’année augmentait et, à l’époque, le calendrier julien avait déjà onze jours de retard sur le calendrier grégorien. Mais mieux valait rester onze jours en retard que donner raison au pape ! Pierre décida donc d’adopter le calendrier julien – si bien qu’en 1918, les Russes auraient encore deux semaines de retard sur l’Occident.

Et pour célébrer l’ère nouvelle Pierre décréta que l’on suspendrait à la porte de chaque maison, pendant la première semaine de janvier, une branche de pin ou de genévrier.

Cela ne fit que confirmer Daniel, et tous ceux qui pensaient comme lui, dans sa vision d’Apocalypse. L’idée que le monde approchait de sa fin n’était pas nouvelle mais, du vivant de Daniel, elle s’était répandue avec un succès croissant, et pas seulement parmi les raskolniki. Un recueil de textes ukrainiens annonçant la fin du monde, connu sous le nom de Livre de Cyrille, était beaucoup lu longtemps avant le Schisme. Les fidèles de Kapiton, que Daniel avait connus du côté de la Volga, pressaient les paysans de se préparer pour l’Apocalypse depuis que Daniel était jeune homme. Après le Concile de l’Église, lui avait confié un moine, Nikon lui-même croyait que la fin était imminente.

C’était donc une certitude. La seule question était : quand cela se produirait-il exactement ? À Russka, tout à la joie de sa vie familiale, Daniel avait recommencé à espérer. Mais depuis son arrivée à Moscou, tout espoir s’était évaporé.

Curieusement, la personne qui convainquit Daniel fut un ancien moine récemment rallié aux raskolniki, un jeune homme plein de flamme qu’il rencontra lors d’une des assemblées secrètes dans une maison privée.



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