[Rois Maudits-1] Le Roi de fer by Druon Maurice

[Rois Maudits-1] Le Roi de fer by Druon Maurice

Auteur:Druon,Maurice
La langue: fr
Format: mobi, epub
Tags: Historique
ISBN: 9782253011019
Éditeur: Alexandriz
Publié: 1955-01-18T23:00:00+00:00


VIII

MAHAUT DE BOURGOGNE

Vers le milieu de la même nuit, deux cavaliers, qui avaient fait partie de l’escorte d’Isabelle, s’éloignèrent du château de Maubuisson. C’étaient Robert d’Artois et son serviteur Lormet, à la fois valet, confident, compagnon d’armes et de route, et fidèle exécuteur de toutes besognes.

Transfuge, pour quelque pendable raison, de la maison des comtes de Bourgogne, Lormet le Dolois, depuis que Robert se l’était attaché, n’avait pratiquement pas quitté ce dernier d’une minute ni d’une semelle. C’était merveille que de voir ce petit homme rond, râblé et déjà grisonnant, s’inquiéter en toute occasion de son jeune géant de maître, et le suivre pas à pas pour le seconder en toute entreprise, comme il l’avait fait récemment dans le guet-apens tendu aux frères d’Aunay.

Le jour se levait lorsque les deux cavaliers arrivèrent aux portes de Paris. Ils mirent au pas leurs chevaux fumants, et Lormet bâilla une bonne dizaine de fois. À cinquante ans passés, il résistait mieux qu’un jeune écuyer aux longues courses à cheval, mais le manque de sommeil l’accablait.

Sur la place de Grève se faisait le rassemblement habituel des manœuvres en quête de travail. Contremaîtres des chantiers du roi et patrons mariniers circulaient entre les groupes pour embaucher aides, débardeurs, et commissionnaires. Robert d’Artois traversa la place et s’engagea dans la rue Mauconseil où habitait sa tante, Mahaut d’Artois.

— Vois-tu, Lormet, dit le géant, je veux que cette chienne trop grasse entende son malheur de ma propre bouche. Voici un grand moment de plaisir, en ma vie, qui s’approche. Je veux voir la mauvaise gueule de ma tante, lorsque je vais lui conter ce qui se passe à Maubuisson. Et je veux qu’elle vienne à Pontoise ; et je veux qu’elle aide à sa ruine en allant braire devant le roi, et je veux qu’elle en crève de dépit.

Lormet bâilla un bon coup.

— Elle crèvera, Monseigneur, elle crèvera, soyez-en sûr, vous faites bien tout ce qu’il faut pour cela, dit-il.

Ils atteignaient l’imposant hôtel des comtes d’Artois.

— N’est-ce point vilenie qu’elle soit à se goberger en ce gros logis que mon grand-père a fait bâtir ! reprit Robert. C’est moi qui devrais y vivre !

— Vous y vivrez, Monseigneur, vous y vivrez.

— Et je t’en ferai concierge, avec cent livres par an.

— Merci, Monseigneur, répondit Lormet comme s’il avait déjà la haute fonction, et l’argent en poche.

D’Artois sauta au bas de son percheron, lança la bride à Lormet, et saisit le heurtoir dont il frappa quelques coups à fendre la porte.

Le battant clouté s’ouvrit, livrant passage à un gardien de belle taille, fort éveillé, et qui tenait à la main une masse grosse comme le bras.

— Qui va là ? demanda le gardien, indigné d’un pareil vacarme.

Mais Robert d’Artois le poussa de côté et pénétra dans l’hôtel. Une dizaine de valets et de servantes s’affairaient au nettoyage matinal des cours, des couloirs et des escaliers. Robert, bousculant tout le monde, gagna l’étage des appartements.

— Holà !

Un valet accourut, tout effaré, un seau à la main.

— Ma tante, Picard ! Il me faut voir ma tante dans l’instant.



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